torches dans un gouffre sans air, jusqu’à un premier endroit de repos, appelé chambre des Dames. On peut arriver ainsi jusqu’au sommet ; mais j’étais assez asphyxié pour m’arrêter à la chambre des Dames. Au Caire, les curieux feront ce que j’ai fait moi-même : ils visiteront la citadelle, le harem (ici c’est une visite extérieure), la nouvelle mosquée et le palais, deux chefs-d’oeuvre d’art et de luxe, placés entre le vieux Caire, la nouvelle ville et une partie appelée Boulac. Je m’abstiendrai de parler de l’antique Thèbes, la ville aux cent portes, à une centaine de lieues du Caire et sur la rive droite du Nil, où elle n étale plus que les splendeurs de ses ruines.' On voit des débris de temples, des cariatides, des tronçons de colonnes ; ici sont les colosses de Memnon, le seul général qui eût pu arrêter les conquêtes d’Alexandre; là, le village de Louqsor et ses immenses obélisques ; à la vue de cet imposant spectacle des grandeurs déchues, en 1798, l’armée française, frappée d’admiration, battit des mains ; faisons comme elle et poursuivons notre route, car le voyage est long. Alexandrie, ou Scanderik, est bien plus ancienne que le Caire; bâtie 332 ans avant Jésus-Christ, elle fut fondée par Alexandre le Grand, qui forma le projet d’y placer le siège de son empire en Egypte. Il voulait en faire le centre du commerce de l’univers. A sa mort, Ptolémée, un de ses premiers lieutenants, s’empara de l’Égypte. Ce Ptolémée et ses premiers successeurs créèrent le port de Bérénice, dans la mer Rouge, pour recevoir les marchandises venant de l’Inde, et Alexandrie fut bien en réalité le port de débouché d’où elles se dispersaient ensuite sur l’Europe. Au moyen de l’un des bras du Nil, déjà à cette époque, on mit en communication les deux mers, par un canal èclusè de plus de 50 lieues de long et d’une largeur de 25 toises environ. Alexandrie a le cachet européen, des places, des rues assez larges, des maisons bien bâties, une rade délicieuse défendue par deux forts qui la dominent, et dont les feux se croisent, des portes et des ponts-levis. Au point de vue de son antiquité et comme monuments de son ancienne splendeur, elle se plaît à montrer, en dehors de la porte de l’Est, la colonne en granit rouge parfaitement poli, dite de Pompée, haute de 114 pieds et d’une circonférence de 28 pieds; le socle est en mauvais état, trop étroit, et sans hiéroglyphes. En dehors de la porte du Sud, on voit encore l’une des Aiguilles de Cléopâtre, obélisque carré, en granit non poli et chargé d’hiéroglyphes; enfin au château Pharisson, comme un plongeur au bord de la rade, se montre l’ancien phare construit par l’architecte Sostr.ate. Depuis 1803, l’Egypte est rendue à la Turquie. L État du Croissant a beaucoup emprunté à l’Egypte, et dans ce moment le bel avenir réservé à la vassale peut encore conserver du prestige à sa suzeraine. L’empire ottoman date de 1300. Les Turcs ne furent connus en Asie qu’au iiffi siècle; les Tartares, dont ils sont une tribu, firent des incursions fréquentes en Asie. La tribu turque rendait ou louait ses services à
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