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naissaient fort bien l’importance. Us ont craint que cela ne fût pas suffisant; et au moment où, à grands flots de publicité, ils déclaraient insensé le rêve du percement de l’isthme de Suez, ils avaient soin (démontrant ainsi de plus fort le peu de sincérité de leurs clameurs) de s’emparer violemment de l’île Périm dans la mer Rouge. En vain la Turquie a fait les protestations les plus légitimes et les plus formelles. Périm est accaparée, défendue, fortifiée. Mais n’anticipons pas et suivons la voie qui va donner à l’Egypte le rôle brillant qu’avait rêvé pour elle Alexandre le Grand. Je n’ai pas la prétention de parler longuement de l’Egypte; elle porte trop l’empreinte française, pour que je m’arrête à décrire l’ancien royaume de Cléo- pâtre. Les souvenirs immortels du Sultan du feu et du Sultan juste sont trop vivaces; ils semblent dater d’hier, et d’ailleurs pour moi, simple voyageur, que resterait-il à glaner, puisqu’une commission de savants a passé par là? 11 m’est cependant venu une idée en visitant les mémorables pyramides qui sont situées à trois petites lieues du Caire ; ces pyramides, du sommet desquelles quarante siècles nous contemplent. Comment, parmi tous ces savants, ne s’en est-il pas trouvé un, pour faire la proposition de graver sur l’airain aux pieds de Dgyzé, la plus haute des pyramides, ces simples mots : Napoléon Bonaparte. Il y aurait eu du patriostisme et de la philosophie dans cette idée. Une pareille inscription eût certainement été respectée ! Et puis, ce nom, placé aux pieds de ces géants des siècles, n’aurait il pas démontré au penseur, que, si l’homme est un atome à côté de ces gigantesques merveilles, il peut par le génie s’élever bien au-dessus d’elles. Il peu enfin laisser des institutions aussi durables que ces témoignages de hardiesse, appelés à braver les temps passés, présents et futurs ! Les trois pyramides s’élèvent majestueusement sur une hauteur, montagne de sable à l’extrémité du désert. Elles dominent la plaine fertile qui s’étend à leurs pieds et se déroule jusqu’au Nil. Le Nil sépare toute cette plaine du vieux Caire; en face, et au milieu du Nil, est la Cité qui renferme le palais du Coran, une poudrière et des jardins de plaisance appartenant au pacha. La première des pyramides, la plus belle, la mémorable Dgyzé, est précédée d’un énorme buste grotesque, que l’on est convenu d’appeler sphinx. La forme des trois pyramides est quadrangulaire ; partant d’une base de 380 mètres sur chaque face, ces masses gigantesques s’élèvent en s’effilant et forment, à leur sommet, des cônes tronqués, conservant la forme rectiligne. Les énormes blocs de rochers qui les composent sont superposés de manière à présenter à chaque ligne du carré une arête phénoménale ou escalier titanique, qui permet de grimper à l’extérieur. Du côté du nord, et nous ne parlons que de Dgyzé, est percé ce que l’on appelle la Porte. C’est effectivement l’entrée d’un souterrain où l’on descend d’abord, pour s’élever ensuite avec de grandes difficultés dans l’intérieur de la pyramide; on rampe à la lueur des 5


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