voie de Suez va s’ouvrir ! Le projet de M. F. de Les- seps est grand et d’une bonne politique ; de plus il est d’une exécution pratique. Le passé et le présent répondent de l’avenir. Dans le passé, l’isthme entre les deux mers a déjà été coupé ; ce grand travail avait été exécuté autrefois, sous le règne de Ptolémée III, par Arsmeds. L’isthme est resté ouvert jusqu’au règne • des Césars, qui le comblèrent pour empêcher leurs ennemis d’arriver jusqu’à eux. Dans le présent, deux mois, jour pour jour, avant le décès du vice-roi d’Égypte, le puissant promoteur du percement de l’isthme, l’on procédait avec solennité à une opération importante. En présence de l’armée des travailleurs européens, Fellahs et Bédouins-, avec l’assistance du Muphti de l’Egypte, des principaux Ulémas du Caire, du Scheik-el-Islam, de l’évêque catholique d’Égypte et de son clergé; avec le concours des délégués du vice-roi, des ingénieurs, invités et employés, M. F. de Lesseps, président, a ordonné la rupture de la digue. A onze heures du matin, le 18 novembre 1862, la Méditerrannée est entrée avec impatience dans le lac Timsah. Ce lac est à moitié de l’isthme. Ce qui reste à faire est, sinon facile, du moins très-praticable ; car autrefois ce lac Timsah a communiqué avec la mer Rouge. Nous le verrons bientôt en parlant d’Alexandrie. Déjà, à la date du 18 novembre 1862, les invités à la cérémonie que nous venons de rappeler ont voulu compléter la démonstration du fait accompli. Ils sont partis pour Port-Saïd, traversant sur leur flottille pavoisée aux couleurs nationales et aux couleurs égyptiennes le Senil, les lacs Ballah et Men- zaléh, qui forment aujourd’hui un magnifique canal. La possibilité d’exécuter le percement de l’isthme de Suez n’a pu échapper aux Anglais ; aussi l’ont-ils niée de tout leur pouvoir. Il leur convenait de jeter du discrédit sur un travail dont ils doivent profitfer largement, mais dont ils ne profitent pas seuls. Us ne sont pas les plus rapprochés de la voie nouvelle ; la Méditerranée, ce lac français, où se contemple majestueusement l’Espagne et où se mire gracieusement l’Égypte, mêle aussi le murmure de ses vagues aux échos bruyants de l’Italie et aux mystérieuses exécutions des harems de la Turquie. L’Angleterre s’en trouve trop éloignée ! La Méditerranée, malgré cet inconvénient qui nous touche peu, va donc acquérir une extrême importance. Au contraire la colonie du cap de Bonne-Espérance va péricliter et s’amoindrir. L’unique clef des Indes passe à la vieille ferraille, comme dirait John Bull lui- même dans les excentricités dont il est prodigue, quand les rieurs sont de son côté, et quela perte n’est pas pour lui. Que le mécontentement s’apaise cependant chez nos voisins d’outre-manche; ne possèdent-ils pas outre Gibraltar, Malte? Malte, cet ancien repaire de pirates, plus tard siège important de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, est aujourd’hui et sera toujours une sentinelle formidable, un oeil éternellement ouvert sur la route nouvelle à suivre. Malte a vingt lieues de circuit, un bon port, des défenses même exagérées ; les Anglais, qui possèdent cette île depuis 1800, en con
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