horreurs d’une lutte suprême; l’humanité se révolterait à cette idée. Admettons que ni l’un ni l’autre de ces deux pays ne cherche à s’arroger la suprématie sur mer, que la raison leur indique que, sur l’immensité des mers, il y a place pour tous ; que la liberté y est absolue, ainsi que l’égalité ; que l’impossibilité d’y tracer des frontières et des limites équivaut à la démonstration d’une communauté d’usage, d’une indivision de jouissance. Admettons cela. Comment alors celui de ces deux pays qui est le plus populeux, qui a des besoins immenses, incessants, qui entretient des armées puissantes, qui compte une population compacte et s’augmentant toujours, comment se maintiendra-t-il à son rang élevé, sans dévorer ses propres ressources et sans dégénérer ensuite? Il ne le peut que par l’industrie et le commerce, surtout par le commerce maritime. Il faut qu’il aille chercher ailleurs ce qui lui manque et qu’il transporte au loin ce qui abonde chez lui ; c’est-à-dire qu’il faut qu’il développe la marine marchande. Par là même, la supériorité de la marine militaire se prépare ; car en soignant la pépinière, on prépare des sujets de choix. Mais à la vapeur comme à la voile, pratique continuelle ! Il faut que ceux qui ont le feu sacré du métier en acquièrent toute l’expérience, ou qu’ils arrivent à porter un véritable amour à cet élément capricieux où ils peuvent trouver leur gloire et leur fortune; il ne faut pas qu’au départ ils songent au moment du retour. Le courage, le mérite et le génie sont de toutes les condition's ; et dans toutes les conditions, on peut être appelé à faire ses preuves. Le propre de la marine est de favoriser le plus méritant ; ou du moins d’enrayer celui qui à l’oeuvre a paru insuffisant. Que n’en est-il ainsi dans toutes les administrations ! Lepilotin, le timonier , l’élève, l’auxiliaire, l’enseigne peuvent arriver au commandement. Le commandant, sur- un navire, est maître de son avenir. C’est un maître absolu, dans toute la plénitude de l’autorité, dans toute la liberté de ses allures. Avec de la spontanéité dans les ordres, de la science, de l’énergie dans l’exécution, un commandant n’est-il pas certain, à un moment donné, d’immortaliser son nom? Pour l’homme de mer, comme je l’entends, il ne faut qu’un peu de bonheur et beaucoup de mérite: le bonheur de rencontrer des occasions, et elles ne manquent jamais, le mérite de savoir y répondre; c’est là qu’est la difficulté. Ce n’est pas qu’il faille épuiser incontinent tous ses efforts, pour créer une marine militaire supérieure. Non. Le budget demande des ménagements et, nous ne saurions trop le redire, c’est par la marine marchande et le commerce qu’il faut arriver. Les fonctions du commercé se traduisent par des échanges ; une partie du globe se débarrasse de ce qui lui est inutile et reçoit ce qui lui manque. Les mers sont franchies ; les obstacles à la communication des
28b 12
To see the actual publication please follow the link above