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est au tribunal, celui du laboureur aux champs, celui de l’ouvrier à l’atelier, comme celui du soldat est dans les camps, comme enfin celui du monarque est sur le trône, où il a été placé plus haut, afin de voir d’un seul coup d’oeil quels sont ceux qui ont besoin de protection et de défense. La F rance est dans les conditions les plus heureuses pour avoir une belle marine; elle a de nombreux enfants, nerveux, bouillants de courage, doués d’une vivacité et d’une souplesse rares. Ce ne sont pas les hommes, et les hommes de choix qui manqueraient à la marine ; ce serait peut-être l’expérience, l’art, qui manqueraient aux hommes ? A cela je réponds qu’il est un moyen sûr d’acquérir l’un et l’autre. Développez, encouragez la marine marchande; étudiez, soignez, élargissez les traités de la navigation; modifiez Y inscription maritime, cette oppression qui pèse indéfiniment sur le matelot revenant du service de l’État. Cette crainte constante du rappel au service empêche les grandes expéditions, fait avorter les armements pour la pêche, détruit le germe des grands commandements de cabotage, et nuit à ces belles courses au long cours, qui font la richesse d’une nation, et flattent l’orgueil "de son pavillon. Qu’on établisse un service régulier, puis une réserve (1), et (t ) Jusqu’à Louis XIV, le recrutement des matelots, pour le service du roi, se faisait par presse ; c’était, comme le dit un ancien chroniqueur, une rafle générale. Depuis 1665 jusqu’en 1790, on institua \esclasses, c’est-à-dire qu’il se faisait un rôle général des matelots ; ce rôle se divisait par classes, appelées chacune à son qu’à l’expiration du temps de réserve le marin, entièrement libre, puisse, en dehors de toute permission du commissariat, se livrer avec sécurité, avec amour, aux différentes branches de son métier, et l’on verra bientôt les côtes de la France se couvrir de navigateurs. Dans cette pléiade de marins, composée des hommes de la réserve et des jeunes gens qu’ils auraient formés à leur rude école, ne trouverait-on pas une force immense, un complément inestimable à la marine militaire ? La raison et l’expérience ne permettent plus de discuter cette thèse, à savoir, qu’une marine militaire doit avoir pour base une marine marchande. La première ne peut utilement se recruter que dans la seconde, et, si on laisse périr la marine marchande, la marine militaire périra bientôt. Sans cette précaution, que ferions-nous, si, à un moment suprême, il fallait doubler notre marine militaire? Le passé ne nous a-t-il pas assez rudement appris que le marin ne s’improvise pas? Partout où il est en face de l’ennemi, tour et par roulement ; on demeurait inscrit jusqu’à l’âge de 60 ans. Plus tard vint le système des levées-, une série de marins était appelée ; les hommes servaient 3 ou 4 ans, puis étaient renvoyés dans leurs foyers, pour être rappelés au premier ordre. C est le système actuel; il laisse toujours le marin sous le coup du rappel. Le gouvernement, pour faire disparaître le vice de ce système et pour le concilier avec la nécessité d’avoir des marins fa its, semble pencher pour un service continué pendant 6 ans, avec libération après ce délai, et il étudie les moyens de proposer les remplacements dans les meilleures conditions possibles.


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