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quêtes amenées par la nécessité de réprimer des rapines, de réparer les insultes ou les voies de fait d’un audacieux écumeur de mer, qui ne craint pas de narguer du haut de ses citadelles réputées inexpugnables ceux qu’il défie au combat ; nous concevons cela ; pour la fierté nationale, chez tous les peuples, il n’y a pas là seulement un droit, il y a un devoir.' Malheureusement il existe dans le monde de nombreux exemples de prises de possession qui ne paraissent pas le moins du monde justifiées. La France, dont les allures chevaleresques sont contraires à la pratique de procédés plus facilement adoptés ailleurs, la France, qui semble n’admettre la nécessité de conquérir que pour venger un affront ou user des droits légitimes de la guerre, a jusqu’à présent détourné les yeux de Madagascar. Dans l’exagération de ce sentiment que nous venons de rappeler elle obéit selon nous à ce que nous appellerions volontiers un faux point d’honneur. Il suffit de rappeler les souvenirs. Un regard jeté sur le passé nous apprend bien des choses; il arrive souvent que, rapproché du présent, il explique toute une situation et permet de la dominer entièrement. Originairement, l’usurpation du pouvoir à Madagascar s’est faite par des familles arabes qui avaient envahi la province d'Anossi; elles occupèrent le pays et ont dominé pendant de longues années. Cet état de choses durait en 1665, quand quatre vaisseaux français y abordèrent, y firent respecter leur pavillon , et furent autorisés à y fonder des établissements pour le compte de la Compagnie française. Ces possessions, reconnues par les familles arabes dominant alors à Madagascar, étaient bien légitimées par le consentement des anciens maîtres, des seuls maîtres d’alors, et la Compagnie française devint réellement et à bon droit propriétaire foncière à Madagascar. L’administration de la Compagnie fut déplorable. Ses agents détournèrent ou dissipèrent les fonds et l’entreprise commerciale échoua malgré les plus beaux avantages territoriaux et les plus légitimes espérances de négoce. Les fautes et les malheurs se multiplièrent à l’infini, et en 1670 la Compagnie remit au gouvernement tous ses droits et charges. La cour de Versailles fut subrogée dans toutes les obligations comme aussi dans toutes les possessions. La propriété de la cour de Versailles n’était pas contestable; substituée à la Compagnie, elle en avait tous les droits; seulement elle commit l’immense faute de ne rien changer au mauvais esprit de l’entreprise, de ne pas réparer les erreurs commises. On souleva une partie des Madécasses contre les Français ; les uns furent massacrés, les autres dûrent renoncer à leurs projets de commerce et quitter momentanément cette terre qui n’était devenue inhospitalière que par l’extrémité où l’avaient réduite de tyranniques abus. Dès 1672, le commerce français disparut donc de Madagascar ; il en était violemment chassé. Mais ce résultat, malheureux au point de vue commercial, ne


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