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philosophes. Aiiisi sous Constantin, une loi proclama libres tous les èsclaves qui se feraient chrétiens (1). Mais cette loi était restrictive et conditionnelle, et dans son application elle fut même nuisible. En effet, appliquée sahs transition, elle ruina les grands propriétaires qui étaient les soutiens naturels de l’État. Y eut- il du moins pour l’État une coiîipensation? Non; car les nouveaux prosélytes ne se montrèrent pas plus dévoués à l’État, qui 11e les nourrissait pas, qu’à la religion qu’ils ne connaissaient pas et qu'ils n’acceptaient que comme un moyen d’obtenir la liberté. 11 y eut donc détresse et ruine d’un côté ; manque de foi, indifférence de l’autre, et pour l’État, des deux parts, abandon et désaffection. Montesquieu aurait pu classer cette loi parmi les causes de la décadence de l’empire romain. À la philosophie était réservée une gloire plus grande. Les sages de toutes les nations proclamaient les droits de l’humanité. D’aucuns plus hardis enseignaient que la liberté vient de Dieu, l’autorité des hommes. Les idées du juste et de l’infini, soulevées dans les âmes, commençaient à dissiper l’erreur, à laisser entrevoir la lumière. Elle se fit enfin, et la philosophie eut ce triomphe, de voir les premières des na- (4) Le pape Alexandre III déclara que les chrétiens devaient être exempts de servitude ; mais ne lé lit-il pas aussi dans un but de prosélytisme et pour flatter la France, qui voulait abaisser l’orgueil de ses vassaux? En tout cas il fallait proclamer que l’homme doit être fibre. tions civilisées proclamer l’esclave libre, sans condition; l’homme libre, parce qu’il est homme. Aujourd’hui, dans Ja plupart des Étals, les nègres sont des travailleurs libres ; ils sont naturellement paresseux, mais merveilleusement propres aux travaux des champs, dans des pays où le soleil calcinerait une peau blanche. L’Indien n’a même jamais été esclave, du moins dans la partie orientale des Indes, et quelques auteurs prétendent qu’il ne l’a jamais été dans aucune autre partie. Le Cafre, au contraire, a presque toujours été esclave. La conformation du Cafre et de l’Indien est bien différente. L’Indien n’a pas les jambes aussi disgracieuses, bien qu’il les ait sèches et grêles; chez lui, les extrémités sont fines, les mains délicates, les pieds petits ; il a le nez légèrement aquilin et les lèvres minces, au lieu du nez écrasé et des lèvres hébétées que l’on connaît au Cafre ; enfin le premier a toujours les cheveux lisses au lieu de cette laine frisée, de cette toison qui distingue le nègre proprement dit. En un mot, l’Indien n’est que noir; ce n’est pas l’affreux nègre que tout le monde désigne comme type de laideur. Le teint noir de l’Asiatique commence même à disparaître à partir du Bengale, où l’on trouve des nuances bistre foncé et jaune, qui s’éclaircissent à mesure que l’on gagne Cachemire, Lahore et les régions qui tendent vers Y Himalaya, berceau du genre humain. D’où vient ce teint noir propre aux Cafres, aux habitants de la Guinée, aux Indiens des côtes (Malabar,


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