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ventionnée par l’État qui payait 50 livres par chaque tonne de marchandises exportée de France, et 75 livres par chaque tonne importée de l’Inde. L’État-s’obligeait, en outre, à soutenir les établissements de la Compagnie par les armes, et à fournir des convois d’escorte. Le ministre avança trois millions; plus tard, il fit beaucoup d’autres sacrifices qui n’empêchèrent pas la Compagnie de périr, malgré une prorogation de privilège de dix ans. Après la mort de Colbert (en 1683), le commerce et les finances retombèrent dans le discrédit et les embarras d’où son génie les avait tirés. Ce grand ministre avait obtenu quatre-vingt treize millions et demi d’excédant des recettes sur les dépenses. Glorieux et éternel modèle pour les hommes d’État présents et futurs ! Les finances de l’État languissaient dans le plus triste désarroi, quand l’écossais Laïc, esprit aventureux, vint, par des audaces imprévues et d’heureux hasards, jeter un peu d’éclat sur cette administration. Cet éclat fut, il est vrai, de courte durée; mais la création de la Banque de Paris, au capital primitif de six millions, établie en mai 1716, suffit largement à sa gloire: de même que les succès et les faits glorieux de la Compagnie suffisent pour enregistrer dans l’histoire les noms de Martin et de Dumas (1), deux hommes d’honneur et d’intelligence. Tel était l’état (1) Dumas, gouverneur à Pondichéry, avait obtenu de la cour de Delhy, le droit de battre monnaie. Il se fit céder le territoire de Karical ; il porta haut le drapeau de la France dans l’Inde. des choses quand la Bourdonnais fut envoyé à l’Ile de France. Dans le même temps, un homme éminent, Dupleix, soutenait l’honneur et la fortune de la France à Chan- dernagor, dans le Bengale. En 1742, il fut appelé à Pondichéry pour y prendre la direction générale des affaires de la Compagnie dans l’Inde, après avoir, pendant douze ans, rendu d’éclatants services sur les bords du Gange. Un seul de ces génies, la Bourdonnais, par exemple, l’homme capable d’équiper, de guider et de défendre une flotte, pouvait changer les destinées de la France maritime. Pourquoi donc, en y ajoutant les talents et la vigueur de Dupleix, la Compagnie et le gouvernement se sont-ils précipités dans une série de désastres? C’est qu’ils accumulèrent fautes sur fautes. La Bourdonnais avait été autorisé à conduire une escadre dans la mer des Indes ; cette mission porta ombrage à Dupleix. Il vit un rival dans l’homme aux efforts duquel il devait unir ses efforts, et poussé, aveuglé par la jalousie, il traversa tous les projets de la Bourdonnais. Celui-ci pourtant, privé de tout, à force de génie, réussit à composer une escadre avec un vaisseau de ligne et cinq navires marchands armés en guerre. Il attaqua les Anglais, les battit, et leur prit Madras. Ses projets de conquête étaient plus vastes encore; mais attardé sur les côtes de Coromandel, où il attendait des secours que Dupleix refusa de lui envoyer, la Bourdonnais vit son escadrille détruite par la tempête. Les intrigues et l’envie, qui furent cause


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