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meure exécrée; mais il faut être juste, et il ne doit pas seul porter l’anathème général. On doit reconnaître que, dans ces circonstances malheureuses, la presse anglaise, par des excitations bien inutiles, a plus d’une fois attristé l’humanité; elle est allée si loin que l’un des plus illustres hommes d’État d’Angleterre s’est cru obligé de protester publiquement contre des actes inouïs et une politique de cannibale qui déshonorent son pays. Cette leçon de la Providence, infligée à l’Angleterre, comme disait M. Disraéli, sera-t-elle la dernière? Tout dépend de la voie qui sera suivie dans l’Inde. Pour tous, l’omnipotence sans frein est insupportable ; et, si l’avenir n’est pas sauvegardé par les justes bases d’une conclusion raisonnée, il faut redouter le résultat d’une solution forcée ! Que si je jette un coup d’oeil rétrospectif sur notre petite possession, sur notre faible puissance dans ce pays, où le Français est cependant toujours aimé; que si je me rappelle la magnanimité de la France pendant cette dernière crise qui a failli tuer la puissance britannique dans l’Inde, je dis à mon tour: C’est un avertissement de la Providence, un appel solennel aux consciences réfractaires, avant que le souffle de l’infini, dispersant à son gré les royaumes, vienne déjouer les petits calculs de la politique et démontrer une fois de plus l’inanité des combinaisons humaines qui n’ont pour bases que l’intérêt personnel et la violence. Il ne faut pas demander aux agents de la Compagnie anglaise l’histoire impartiale de Néna-Sahib ; nous devons quelques renseignements véridiques sur cette grande individualité. Néna-Sahib est le fils adoptif de Peischwa, un rajah d’une fortune immense (rajah des Marattes), à qui la Compagnie servait encore une rente de 300,000 francs. A la mort de Peischwa, le gouvernement anglais, qui avait jusqu’alors reconnu la validité des adoptions (point essentiel et jouant le plus grand rôle dans la législation des Hindous), le gouvernement anglais qui s’y était maintes fois soumis trouva plus facile et plus lucratif de décider qu’il ne les reconnaîtrait plus. Néna-Sahib protesta ; il protesta longtemps et vivement. Alors, par forme de transaction, on lui abandonna une partie de la fortune de son père adoptif et notamment le château fort de Bithnour, situé sur le Gange, à trois lieues de Cawnpour; mais, injustement dépouillé de plus des deux tiers de sa fortune, il n’attendit que l’occasion d’une vengeance; elle arriva enfin. Nous ne retracerons.pas les faits de la grande insurrection dont Néna-Sahib est le chef militaire. Notre but a été de rappeler, en passant, que les griefs de toute nature, articulés contre la Compagnie anglaise de l’Inde, n’étaient pas dénués de fondement ; que ces griefs ont provoqué des plaintes et des actes d’une importance telle que la Compagnie n’a pu survivre au désastre qu’elle avait préparé. La Compagnie vient de s’affaisser sous le poids de ses iniquités; elle est révoquée. Aujourd’hui, un vice- roi gouverne les possessions anglaises; dans l’Inde c’est lord Elgin.


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