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La Couronne a pris le lieu et place de la Compagnie; mais va-t-elle ratifier tous les actes dolosifs de cette Compagnie? La confiscation du royaume d’Aoude sera-t-elle sanctionnée, ou bien la Couronne d’Angleterre se contentera-t-elle en termes généraux de désapprouver la spoliatrice tout en retenant les dépouilles, et, s’appliquant le raisonnement vulgaire, mais peu moral : Ce qui est bon à prendre est bon à garder, conservera-t-elle tout ce qui a été allié, dirigé, gouverné, médiatisé, annexé, spolié par l’ingénieuse Compagnie? Mais alors, il faut bien le reconnaître, tous les griefs subsistent, et les collisions peuvent renaître; les faits anciens s’étayant des faits nouveaux peuvent se grouper, s’élever comme une barricade formidable et compliquer singulièrement la situation. Nous désirons qu’il n’en soit pas ainsi : une solution raisonnée vaut mieux qu’une solution forcée. Cependant depuis que la Compagnie est morte, l’exploitation s’agrandit encore. En 1863, les revenus de l’Inde anglaise se sont élevés de 32 millions de livres sterling à 43 millions de livres sterling, et M. Laing, ancien ministre des finances du cabinet anglais, dans sa brochure publiée cette année, nous fournit un renseignement précieux. Il affirme (et peut-on puiser à une source moins sus^ pecte?), que dans ces 43 millions de livres sterling de revenus il y a 4 millions (100 millions de francs) d'impôts nouveaux, établis depuis la rébellion. En vérité, il faudrait être bien peu clairvoyant pour ne pas se rendre compte de la politique persévérante de l’Angleterre en Orient ! Cette politique semble ne rien redouter de notre persévérance à nous Français ; elle ne soupçonne pas la possibilité de la moindre prévoyance de notre part, et elle nous dénie la fixité dans les vues politiques. Toutes ses dispositions $ l’Angleterre les prend en vue d’une autre politique, aussi habile et non moins envahissante que la sienne. La crainte de la Russie, voilà le stimulant de sa prodigieuse activité en Orient. Le cabinet de Londres voudrait entraver l’action de la Russie dans la mer Caspienne et même en Chine. La Russie marche néanmoins vers son but; sa volonté est aussi ferme que celle de l’Angleterre, et le désir du Czar d’être maître des deux mers intérieures de l’Asie, la mer Caspienne et la mer d'Aral, a toutes chances de se réaliser. Tôt ou tard les rives de l’Oxus et de l’Axastis verront s’avancer les cosaques du Don, et l’Angleterre qui le prévoit, qui croit être seule à le prévoir, s’efforce de chercher un contre-poids dans le midi de l’Asie. Yoilà pourquoi la politique anglaise tient à se rendre maîtresse des communications avec Hérat et Rockara. Les deux grandes politiques, anglaise et moscovite, sont aux prises ; elles offrent un beau spectacle par l’ampleur des vues et par l’habile et infatigable stratégie qu’elles déploient pour se disputer la domination de l’ancien monde. Mais, si ces politiques sont trop exclusives, elles peuvent manquer d’habileté en ce point; car une 16.


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