donné, servir à venger les griefs de celui aux inains de qui on la remettait imprudemment. L’armée était coûteuse, il est vrai, mais les ressources abondaient. Cependant les dépenses devinrent immenses, et la Compagnie s’ingénia à faire désarmer tous les princes voisins , rajahs, nababs et autres, et à entourer d’espions tous ceux qu’elle ne put désarmer. On réglementa alors l’exploitation du pays, et les monceaux d’or obtenus, surpris ou enlevés, furent réellement prodigieux. On fit payer divers tributs, des impositions ordinaires, des impositions de guerre, des monopoles, etc. On fit plus; en 1768, on altéra le titre des monnaies ; la Compagnie se fit remettre de vive force tout l’ancien or qui contenait peu d’alliage, et elle fit frapper pour quinze millions de roupies d’or avec une valeur effective de neuf millions seulement. Les anciennes roupies d’or qui arrivaient dans les possessions anglaises et chez les alliés, soumis ou dépendants, valaient bien 10 roupies et demi d’argent; c’était le cours depuis des siècles; mais on les saisissait et on ne les payait que 6 roupies (moyen ingénieux de faire double bénéfice). Ceci est de l’histoire racontée dans toute sa simplicité. L’exploitation de l’Inde parla Compagnie se faisait par l’impôt territorial, par les différents tributs à payer, par les monopoles, par les douanes. L’impôt territorial est fort lourd dans l’Inde anglaise, et, à mon sens, il constitue une grande faute, quand il va toujours croissant, en présence de locations faites à perpétuité pour un prix invariable. Voyez en effet la bizarrerie; le cessionnaire d’un terrain peut acquérir, moyennant un prix fixe, un terrain dont il aura la, jouissance à perpétuité; le prix ne lui paraît pas excessif, et son acquisition ne doit pas le grever, car il a consulté ses ressources. Mais ce qu’il n’a pu prévoir, c’est que l’impôt qu’il aura à payer chaque année va prendre des proportions telles que dans dix ans il sera ruiné, ou que tout au moins il payera en impôts ce que vaudrait la location de sa propriété, de sorte que son prix d’acquisition est perdu , puisque le rendement de sa propriété passe en impôts. Ce système est facile à qualifier. Un bon moyen pour remplir les caisses de la Compagnie était aussi le payement des tributs ; les peuples vassaux en doivent; on étendit donc le nombre des vassaux. Cela fait, on trouva un procédé fort ingénieux ; les tributs se divisèrent en tributs réguliers et en tributs irréguliers; les premiers se doivent toujours, invariablement, à époque fixe. Les tributs irréguliers sont le résultat du caprice, delà rapacité, du moindre prétexte, de l’arbitraire. On se porte dans un pays; dès lors, pour ce déplacement, le pays est frappé d’un emprunt extraordinaire. On l’appelle subside de guerre, indemnité, taxe, caption et même souscription volontaire d’un pays pour réparations urgentes. Viennent ensuite les monopoles et les douanes. En général, si les monopoles sont vexatoires, celui du sel et surtout celui de l’opium sont odieux. Le cultivateur indien était forcé de fournir tout l’opium qu’il récoltait à la Compagnie, moyennant un
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