cours des Anglais. Ils lui promettent de le rétablir sur son trône; mais ils exigent qu’à l’avance l’empereur chassé leur fasse cession du Bengale en toute souveraineté. L’empereur déchu y consentit, La cession fut faite par acte authentique avec un certain semblant de formalités. Mais le cédant n’avait aucune qualité, aucun titré, aucuns droits. Le droit de consentir cette cession appartenait à l’empereur régnant. D’ailleurs elle n’était faite qu’à charge par les cessionnaires -de rétablir l’empereur expulsé ; or, ils ne remplirent aucune des conditions du contrat, et se contentèrent de répondre à l’empereur, leur cédant et leur dupe, « qu’il fallait attendre des temps plus heureux ! » Les Anglais, dès ce moment, ne manquèrent pas de §6 proclamer souverains du Bengale; ils conservèrent d’abord l’image des formes anciennes, et firent gouverner le royaume qu’ils exploitaient par un souba à leurs gages- Le Bengale est une vaste et fertile contrée, qui est limitée, à l'est, par les royaumes d’Annam et d’Aracan; au midi, par la mer; à Vouest, par les provinces du Grand-Mogol, et, au nord, par d’immenses rochers et une partie dp Népaul ; elle s’étend sur les deux rives du Gange. La Compagnie, éblouie par une pareille réussite et jugeant qu’il était facile d’opérer de nouvelles conquêtes dans un pays gouverné par de petits despostes, où la trahison était si naturelle, où For jouait un si grand rôle, au milieu de nations sans lien, sans intérêt commun, sans esprit national enfin; la Compagnie, disons-npus, flaira d’immenses captures, laissa se développer toute son ambition, et, dédaignant de rester une société commerçante, elle se fit puissance territoriale, exploitant sans scrupule ses voisins et poussant jusqu’à la frénésie l’amour de l’exploitation. Elle devint maîtresse absolue de ses actes, moyennant une prime annuelle de neuf millions qu’elle paya originairement à la couronne d’Angleterre. Alors elle s’organisa, et, redoutant un secpnd échec à Calcutta, elle construisit près de cette ville, qui devait devenir sa capitale, le fort Williams, destiné à couvrir l’armée en cas d’échec et à lui assurer no asile où elle pût attendre des secours. Elle mit sur pied une armée, ef, changeant le système suivi jusque là, elle fit une large part à l’élément ipdigène. Ce ne furent plus des auxiliaires, ce furent des soldats à son service. Les Indiens des pays hauts, spécialement, avaient l’habitude de louer leurs services; il y a des castes impropres à tout autre service que celui de pion ou de soldat; et l’homme de cette caste préférerait rester toute sa ’vie inactif, inoccupé, plutôt que de déchoir en essayant d’un métier attribué à une autre caste. La Compagnie les appela à elle; elle les paya, les nourrit, les disciplina, les arma et en fit sa principale force, c’est-à-dire ses régiments de cipayes. Dix mille Anglais au plus et soixante mille cipayes constituaient une armée imposante; tous les officiers étaient Anglais, et se divisaient en officiers de la Compagnie, directement nommés par efie, et en officiers de la Couronne, nommés par le gouvernement et agréés par la Compagnie. Ce système était simple, Fiais dangereux. L’arme dont on rendait l’usage facile pouvait, à un moment
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