Page 120

28b 12

trouve aussi les satisfactions de l’intérêt privé (1). Le cotonnier que nous décrivons croît à l’état sauvage sur la côte du Coromandel. Les Indiens le cías- sent en trois espèces : Io Le coton courte-soie, qui est le moins recherché en Europe ; 2 ’ le coton longue- soie, tout aussi beau, aussi parfait, que le coton aujourd’hui récolté en Amérique, et très abondant dans le Nizam; rendu à Bombay, il se vendait il y a dix ans de 15 à 17 centimes la livre, c’est-à-dire bien moins que celui d’Amérique, qui certes ne lui est pas supérieur; 3° le coton Dezy, le plus estimé de tous; il croît dans le Bengale et sert à fabriquer ces admirables mousselines qui n’ont pas encore d’égale dans le monde. Je me demande, en présence de ces faits, s’il est impossible de s’affranchir du tribut payé à l’Amérique pour ses cotons, et s’il est bien difficile de parer désormais à*une crise de la nature de celle qui désole aujourd’hui l’industrie cotonnière de la France et de l’Angleterre, en privant ces pays de matière première. Quant à l’Inde, elle offre une ressource toute naturelle: le cotonnier en est originaire; il y atteint il) Si l'Algérie ne peut, à raison du prix de la main-d’oeuvre; combler toutes les espérances de ceux qui se décident à lutter contre les brusques changements de température propres au pays, cette contrée possède au moins un grand avantage : elle peut devenir l’entrepôt général des graines de premier choix ; et, en effet, au coeur de l’Afrique, dans le Soudan, les nègres (naturels de ce pays) obtiennent sans soins, sans frais et sans méthode, des cotons de qualité supérieure, dont la graine se vend sur les lieux à un prix très-modéré. les plus belles dimensions et donnp les plus riches produits, et certes les champs de coton de l’Indostan pourraient fournir cinq ou six fois la quantité de coton nécessaire à la consommation du monde entier. Des renseignements exacts indiquent que l’Angleterre en a retiré en 1862 un million six cent mille balles: Mais que l’isthme de Suez s’achève, et nous verrons si l’Inde ne fait pas à l’Amérique la plus redoutable concurrence pour les cotons. Nous pouvons bien aussi fonder quelque espoir sur nos essais en Algérie, si le midi de la France craint de faire de nouvelles tentatives. Le monopole du coton a. semblé un instant appartenir aux États-Unis. Ce n’était qu’une illusion, qui sera bientôt évanouie, qui tombe même dès à présent devant les faits. La récolte de 1858 y a donné trois millions cent quatorze mille balles, pesant environ 80 kil. la balle. Or, la production annuelle dans le globe est évaluée à un millard neuf cenl trente six millions sept cent mille balles; il est donc évident que l’Amérique est loin d’être l’unique ressource! La véritable ressource, c’est l’Inde, dont le produit peut encore se quintupler (1). Dans l’Inde, en effet, le cotonnier vit quatre et cinq ans ; cet arbpste ne dure qu’un an aux États-Unis ; les gelées le tuent chaque hiver. C’est naturellement dans le Sud que se récolte le coton. Cette récolte se fait du I” septembre au l'r janvier. Il y a quatre millions de (1) Les produits fabriqués dé l’Angleterre sônt estimés 2 milliards. Ceux de la France 800 millions par an.


28b 12
To see the actual publication please follow the link above