Les traitements, que je viens de rappeler, sont le douzième ou le quinzième des traitements anglais, pour des fonctions analogues; mais il faut être de bon compte; les uns y vont uniquement pour s’enrichir, et les autres pour remplir consciencieusement leurs fonctions, pour étudier les moeurs et les lois du peuple le plus intéressant du globe et pour tâcher de connaître ce qui nous a toujours été caché, à savoir les richesses immenses de ce pays incroyable et les ressources inépuisables qu’il peut offrir. Les gros appointements ne prouvent pas le bon service; et si les magistrats anglais sont payés quinze fois plus que les magistrats français, il est vrai de dire qu’ils travaillent beaucoup moins. Ils sont beaucoup moins nombreux que les magistrats français ; mais ils s’en rapportent constamment à des subalternes, souvent peu scrupuleux. C’est son armée seule qui donne du prestige à la puissance anglaise dans l’Inde. Pour nous, Français, notre magistrature s’y fait admirer et notre humanité nous fait des partisans. Dans un des chapitres suivants, je vais m’occuper du Bengale; j’examinerai nécessairement le système adopté par les Anglais ; mais je dirai peu de chose de leur magistrature, afin de n’être pas entraîné à en trop dire. On peut s’en rapporter à ce que nous apprend M. de Waren, qui est encore bien loin d’être au courant des actes étranges qu’un observateur scrupuleux pourrait révéler. Après Pondichéry, les deux postes judiciaires un peu importants, sont : Chandernagor et Karikal. Karikal, sur la côte de Coromandel et dans la province de Tanjaour, est une aidée dont nous connaissons la population par le tableau ci-dessus. Au point de vue commercial, Karikal, qui est un lieu ouvert, offre néanmoins de grands avantages pour l’achat des riz et des toiles de coton. Je termine ce chapitre par Chandernagor; mais qu’il me soit permis, dans l’intérêt de ce pays, d’exprimer un voeu que tout magistrat anglais ou français a dû faire avant moi ! N’ont-ils pas tous désiré l’organisation de Yéiat civil dans l’Inde? Rien ne constate, dans les Indes orientales, la naissance, le mariage, le décès, ces trois actes du drame humain. Il en résulte des embarras et des dangers sans nombre. Je ne puis non plus que blâmer l’usage immodéré que l’on y fait delà preuve testimoniale. Le faux témoig n a g e est l’arme favorite de l’Indien, et, si de sérieuses mesures n’intervenaient, il faut reconnaître que ce qui nous touche le plus au monde, la probité, l’honneur, la naissance, la fortune des citoyens se trouveraient à la merci de ceux qui font l’indigne métier d embaucher les faux témoins. Mais revenons à ce point charmant quoique microscopique de nos possessions qui a nom Chandernagor; c’est une jolie petite ville du Bengale, assise tranquillement sur les bords de l’Hougly, à sept lieues de Calcutta. L’aidée française compte 31,000 habitants; notre possession est enclavée de toutes parts dans le territoire anglais. Il a souvent été question de rendre Chandernagor aux Anglais. Il est certain que ce comptoir est humilié et abaissé, au point de vue de son
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