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française est une, et partout elle porte noblement son drapeau. Notre administration de la justice, la sagesse dans l’interprétation, la loyauté dans l’application, la base de souveraine égalité sur laquelle repose notre système judiciaire, font l’admiration de l’Europe entière. L’Arabe s’incline devant notre justice avec respect, et, jusque sur les bords del’Hougly, l’Indien lui- même en est frappé d’étonnement. Le magistrat intègre, sans colères et sans défaillances, impose aux vieilles civilisations plus faciles à la corruption. Il est temps qu’une voix s’élève en faveur des magistrats de nos colonies ; purs et inébranlables, dans un milieu qui n’est pas toujours facile, il faut qu une justice complète leur soit rendue et qu’il leur soit tenu compte de la spécialité de leurs services. Les magistrats coloniaux portent haut la responsabilité de leur sacerdoce; ils soutiennent partout et dignement l’étendard de la mère patrie, et sa gloire en est augmentée ! Lorsque ces vétérans d’outre-mer reviennent accablés de fatigues, éprouvés par le climat, demander un dernier sourire au sol natal, qu’ils soient au moins accueillis comme ils le méritent; que l’on se garde de discuter froidement leur courage et leur dévouement, afin de leur marchander les droits qu’ils ont acquis. Eh quoi ! là où il y a un ¡titre de plus, par quelle fatale logique trouverait-on un motif pour évincer? A-t-on jamais eu l’idée de méconnaître les litres spéciaux de nos soldats au retour des campagnes de Chine et de Cochinchine? Non certes. Elle est légitime et bien placée, la faveur qui s’adresse à ceuxlà, de préférence aux camarades qui n’ont jamais quitté les douceurs de nos garnisons. Eh bien ! dans tous les services, la logique et la justice n’ont-elles pas les mêmes règles? Une réflexion encore: si l’Orient s’incline aujourd’hui devant l’Occident, n’est-ce pas l’oeuvre du missionnaire zélé qui propage la foi, enseigne la charité, donne l’exemple des vertus et montre aux idolâtres ébahis la croix, symbole du Christ? N’est-ce pas aussi,- et surtout l’oeuvre du magistrat intègre, qui tient d’une main ferme la balance de la justice, châtie le prévaricateur, et apporte dans ces régions lointaines le bienfait des lois épurées de la France? Je devais cette digression à ma sympathie pour les missionnaires français, que j’ai rencontrés dans l’Inde, et que je suis allé visiter jusque sur les côtes d’Orixa et sur les hauteurs de Vizagapatnam; je la devais aussi à la magistrature coloniale, dont j’ai fait partie pendant cinq ans. La bienveillance et la distinction avec lesquelles mes efforts ont été accueillis, pendant la délégation qui me fut faite des services du parquet à la Cour de Pondichéry, ne m’ont pas empêché de remarquer le travail et la probité, assis à mes côtés et si heureusement dirigés par la haute autorité de M. le président Boscheron-Desportes. J’aimais aussi le travail, et de plus la lutte ne me déplaisait pas alors. Je paye ici un juste tribut de regrets à l’un de mes anciens adversaires, à M. Petit (THauterive, un de ces rudes logiciens qui savent descendre avec dignité du siège de procureur général pour honorer le banc de la défense.


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