flanqué de quelques huttes indigènes et augmenté de l’établissement des jésuites; mais le bois du Mapané est à moitié détruit, l’herbe est desséchée et même en partie brûlée, car c’est l’hiver. Et comme il y a eu même de la gelée, les palmiers sont flétris. 11 y a cependant un petit coin sur lequel les regards s’arrêtent avec plaisir : ce sont les champs de blé d’un vert tendre de M. Weslbeech et des Pères jésuites, et le jardin potager de ces derniers. Voir un morceau de terrain, à Pandamatenga, bien cultivé et bien propre, avec des plates-bandes tirées au cordeau, des choux, des pommes de terre, des pois, de la salade, c’est ravissant pour des gens qui ont cheminé pendant près de deux mois dans les sables, les bourbiers, les steppes et les forêts du désert. M. Westbeech, avisé par des natifs de notre approche/guettait, notre arrivée. Jusqu’à dix heures du soir, il était à sa porte avec des lanternes pour nous donner du courage. Nous, nous étions dans des fondrières épouvantables où nos wagons s’étaient enfoncés et embourbés jusqu’aux essieux. Et après avoir lutté, travaillé, crié et malmené nos bêtes jusqu’à minuit, nous ne parvînmes qu’à amener nos wagons sur un endroit moins fangeux, où force nous fut d’attendre le retour du matin. M. Westbeech vint à notre rencontre, et les nouvelles qu’il nous donna du Zambèze nous fortifièrent. « Tous les chefs sont pour vous, me disait-il. Mais j ’avoue que, tout en essayant de leur faire prendre patience, j ’avais moi-même perdu tout espoir. Impossible de comprendre vos délais. » Les jésuites sont ici fort bien installés : chapelle, maisonnette simple, mais gentille, huttes et hangars comme dépendances, belle basse-cour, joli jardin; c’est un petit hameau qui serait prospère comme station, s’il y avait une oeuvre à faire ici... Mais quelle oeuvre peut-on faire où il n’y a pas de population? Ces messieurs prennent au vol les quelques conducteurs de wagons et domestiques qui suivent leurs maîtres dans ces parages. C’est peu dire, car ils ne sont pas nombreux. Ce que j ’ai admiré chez les jésuites, c’est leur personnel si complet. Ils ont jardinier, cuisinier et économe, menuisier, etc. Ce sont les « frères » qui sont chargés du matériel de l’établissement; les « Pères », eux, s’occuperont du spirituel, quand il y aura lieu. Leur jardin est une petite oasis; il est bien cultivé, bien arrosé. On y trouve toutes sortes de légumes dont ces messieurs se montrent très généreux envers les voyageurs. Ce dont ils se plaignent, c’est que la plupart ne montent pas en graine ou que les graines ne parviennent pas à maturité. Il faut donc tous les ans renouveler sa provision de semences. Nous avons, M. Jeanmairet et moi, été leur faire une visite. L’un des Pères, accompagné d’un frère, était allé voir la grande merveille du pays, les cataractes. Le supérieur était là, le P. Kroot, un Hollandais, avec deux frères, un Milanais, qui est jardinier, et l’économe,
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