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qui leur est confié pour le roi des ba-Rotsi, seront chargés de nous aider en route. Il y avait aussi des nouvelles du Zarabèze. Deux jeunes gens, qui y avaient fait une expédition commerciale, en revenaient minés par la fièvre. Ils avaient apporté tout un courrier. M. Arnot est toujours à la capitale, et a commencé une école qui a déjà passé par toutes sortes de phases. Robosi lui-même écrit à Khama, lui demandant son alliance, et, pour gage de son amitié, une de ses filles en mariage et un chien noir! Il lui annonce que les jésuites sont allés chez lui, mais qu’ils ne sont pas selon son coeur, ni selon le coeur de ses gens, et qu’il leur a refusé l’entrée de son pays. « Celui que nous attendons, ajoute-t-il, c’est M. Coillard, que l’on m’assure être maintenant en route, et je vous demande comme une faveur de l’aider, afin qu’il arrive au plus vite. » Ne fondez pas trop d’espoir sur ces bonnes disposition d’un chef païen qui ne sait rien de l’Évangile. Paul, en obéissant à l’appel du Macédonien, a trouvé une prison en Macédoine. Mais qu’importe, si cette prison est la porte de l’Europe ! Nous voulions attendre le retour de M. et M“" Hepburne, qui reviennent d’Angleterre, avant de présenter à l’Église de Chochong le beau service de communion que nous a procuré le Comité des Dames de Paris. Nos amis n’arrivant pas, il a fallu le faire'sans eux. C’est avant-hier que la présentation a eu lieu, très simplement, mais très cordialement. Les discours de remerciements nous font bien sentir que nous ne sommes plus au Lessouto, la Grèce du sud de l’Afrique. Ils n’en ont pas eu moins de valeur pour cela. Le discours de Khama, c’étaient deux boeufs de trait qu’il nous amenait le lendemain; un autre nous donnait une vache; un troisième, deux moutons. L’amitié, le setsouallé, comme nous disons en sessouto, est ici une grande institution. Tout nombreux que nous sommes, chacun a son motsouallè, son tsala, son ami. Cette amitié entraîne toutes sortes de devoirs et de privilèges, surtout ceux des présents. Lors même qu’il y a famine à Mangouato, nos « amis » ne nous laissent pas manquer de pastèques, canne à sucre, lait caillé, etc. Mon ami à moi, c’est naturellement Khama. Il avait préparé une belle fourrure de chacal pour mon arrivée, et une de léopard pour ma femme. Nous serons riches quand nous quitterons Mangouato. J’oubliais de mentionner la poste. La poste ! ah ! comme elle fait vibrer le coeur! Un ami, nous sachant au Marico, nous avait envoyé un paquet de lettres par occasion. Celui qui s’en était chargé passa toute une soirée avec nous, fut des plus aimables ; nous parlâmes de tout, excepté de la poste. Quatre jours plus tard, en arrivant à Mangouato, nous apprîmes que cet excellent homme avait nos lettres ! Il avait oublié de nous les remettre. Nous fûmes dédommagés, car, outre l’exprès qu’il fit partir quinze jours plus tard, M. Dawson, en venant nous souhaiter la bienvenue, était suivi d’un homme qui portait sur la tête une grande corbeille, toute pleine de journaux et de lettres. Il faut voir comme on se presse autour de la corbeille et comme les yeux pétillent ! Maintenant, nous sommes à la veille de nous remettre en route. Il a fallu faire ici un dépôt de nos bagages, trier, prendre l’indispensable, laisser le reste. Grand travail donc de déballages et de remballages, grande tristesse à la vue de marchandises avariées, d’objets cassés. Mais enfin les wagons sont de nouveau chargés, on les couvre de peaux de boeuf pour les garantir un peu des épines et des branches qui obstruent le chemin. Les boeufs morts servent encore à quelque chose !


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