années au Lessouto, à Léribé surtout. Nous avons défriché, nous ; nous avons semé, et Dieu sait avec quelles larmes ! Nos amis vont continuer l’oeuvre et récolter. Oh ! puissent-elles être riches et abondantes les gerbes qu’ils déposeront aux pieds du Sauveur ! Et après les labeurs de la journée, ceux qui auront semé et ceux qui auront récolté se réjouiront ensemble devant Dieu. Personne que le Maître ne sait ce que c’est pour nous que de quitter le Lessouto, la mission, cette famille missionnaire si uniô, ces frères bien-aimés avec lesquels il est permis de différer quelquefois de vues et de sentiment sans que, pour cela, on cesse de s’estimer et de s’aimer. On se sent fort quand on fait partie d’un corps pareil. Mon départ ne laisse aucun vide. Soyez bénis, frères, collègues vénérés ! Soyez bénis, amis de mon coeur ! Soyez bénis ! Léribé ! non, n’en parlons plus. A Dieu ne plaise que noiis cherchions à faire valoir le peu que nous avons le privilège de faire pour Jésus ! Ah ! que ne comprenons-nous mieux, que ne mettons-nous mieux en pratique la parole de David, dans une circonstance mémorable : « Je n’offrirai point à ¡’Eternel- des sacrifices qui ne coûtent rien ! » Pour nous, pas de faiblesse au moment de l’action. L’Eternel, qui nous envoie, nous a ceints de force, couronnés de sérénité et de joie ; il nous chaussera, s’il le faut, de fer et d’airain. Notre force durera autant que nos jours. Est-ce là le langage de la présomption? Dieu me le pardonne. Nous laissons à d’autres de discuter et critiquer notre entreprise. Nous obéissons, nous, c’est notre devoir pur et simple. Et j ’espère que mon Maître me rendra toujours invulnérable contre les paroles louangeuses et contre la critique la plus hostile. Nous avons besoin de nous fortifier en Dieu en allant au devant de ce vaste inconnu qu’on appelle la mission du Zambèze. Un vent glacial qui a soufflé depuis mon départ de France a flétri, hélas ! dans bien des coeurs'la confiance qu’on nous avait accordée et l’intérêt dont on nous avait entourés. Et je le crains, il a tari plus d’une source sur laquelle comptait non seulement notre oeuvre,' mais l’oeuvre générale. Il est dur pour des soldats qui courent à l’assaut et qui ne peuvent plus reculer, de s’entendre crier par ceux qui les ont encouragés : « Allez, mais il est peu probable que nous puissions vous suivre. » Vous, chrétiens, qui priez chaque jour pour que le règne de Dieu vienne, nous abandonnerez-vous ? Est-ce avec cette perspective qui accable et attriste nos coeurs què nous devons aller lutter avec les difficultés dont notre entreprise est hérissée, nous mèsurer avec tout ce que les puissances du paganisme ont de plus formidable, avec la maladie, la mort? Non, vous ne le ferez pas, et, avant que nous n’arrivions au Zambèze, vous nous donnerez encore des preuves tangibles de votre coopération, et de ces paroles du coeur qui vont au coeur, y relèvent le courage,- y fortifient la foi et y entretiennent la vie. SUR LE H A U T r Z A M B È Z E
27f 90-2
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