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manque de précautions. A part cela, le succès appartient à Dieu. Si je meurs à la peine, avant même d’avoir eu la joie de voir le drapeau de l’Evangile définitivement planté dans ces régions lointaines et sans avoir la consolation de voir les Églises de ma patrie marcher résolument à la conquête de l’Afrique intertropicale, qu’importent les jugements des hommes ? Je mourrai avec la conviction de n’avoir fait que mon devoir. Ne voyez aucune bravade dans ce que je dis. Il n’y en a pas l’ombre dans ma pensée. Je ne suis ni un enthousiaste, ni un amateur d’aventures. Je suis un soldat, ma feuille de route est signée, j ’obéis et je pars ; si je tombe, d’autres prendront ma place ; en tout cas, avec Christ, la victoire est certaine. Nos amis Weitzecker sont arrivés enfin. Et au moment où nous pensions atteler nos voitures, une nouvelle difficulté et tout à fait inattendue a surgi. La petite vérole a éclaté dans quelques parties du Lessouto, loin, bien loin de nous. Malheureusement, c’est au Lessouto quand même. Et la panique est telle, qu’on a fait le blocus de ce malheureux pays. Trois jours plus tôt, personne ne se fût opposé à notre passage. Mais nos amis Weitzecker n’étaient pas arrivés. J’ai fait des démarches auprès des autorités de l’État- Libre, et j ’attends leur réponse. Toute notre caravane est prête ; nps wagons, sont chargés ; nos emballages finis, et pourtant nous nous demandons encore si, au Ier janvier, nous pourrons partir ! Dimanche dernier, nous avons eu une bonne congrégation que notre temple n’a pu abriter, et j ’ai pu présenter mon successeur à la tribu. On lui a fait un accueil cordial et qui me permet d’espérer que bien des difficultés que nous appréhendions lui seront épargnées. M. et M" Weitzecker gagneront vite la confiance et l’affection de nos gens. Dimanche prochain, nous aurons leur installation, des baptêmes et nos adieux. Le départ. =jj|Nous avons besoin de forces. — A travers le Transvaal&g- Un discours du général Joubert. — Sécheresse dangereuse. — Notre personnel. 6 janvier i884- En route pour le Zambèze ! Oui, enfin. Ce n’est plus en perspective, mais bien en réalité. Nos préparatifs, nos dernières réunions, nos derniers adieux, nos derniers entretiens, avec toutes leurs fatigues et leurs émotions, tout cela est derrière nous. Nous avons repris à cinquante ans le bâton du pèlerin, et nos visages sont tournés vers les régions d’au delà du Zambèze. Déjà ce Léribé, l’oeuvre de notre jeunesse et de notre carrière, notre Béthel et notre Èbénézer, est loin derrière nous. Déjà les crêtes bleues des belles montagnes de notre seconde patrie ont disparu à nos yeux. Et, quand nos chers Mikéa, Zakéa et Maréka, qui nous accompagnent jusqu’à Bethléhem, auront pris congé de nous, ce sera le dernier câble nous rattachant encore au rivage qui se brisera, et nous serons lancés en pleine mer. Mais Jésus est et sera là. Il ne restera donc plus que la douleur de déchirements dont on ne parle pas, et que tout le monde comprend. Il comptera encore nos allées et nos venues et nous guidera de son oeil. Notre départ a été la fin d’une longue agonie de plusieurs mois. Nos projets ont dû passer au creuset et notre foi au crible. Jusqu’au dernier moment Satan a tout fait pour nous entraver. A peine voyions-nous une difficulté s’aplanir, qu’il en suscitait d’autres plus embarrassantes encore et plus formidables. Nous partons, nous, sans la moindre arrière-pensée. Nous avons pour nos amis la plus vive affection, et, dans l’expérience qu’ils ont déjà acquise ailleurs, la plus grande confiance. Nous leur léguons joyeusement le fruit de nos sueurs et de nos labeurs ; personne n’était plus digne de les recueillir ; les travaux matériels, nécessaires à un établissement missionnaire, sont tous finis. Ils n’auront plus qu’à entretenir et à réparer. Nous confions à . leurs soins un troupeau que nous chérissons, et qui, malgré les désastres spirituels de la guerre, n’a jamais cessé d’être intéressant et affectueux. J’envie mon jeune collègue de pouvoir aller au Zambèze sans avoir vécu de longues


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