il m’eût été plus doux de causer en famille avec ceux chez lesquels j ’aurais voulu éveiller un intérêt durable pour notre oeuvre. J’ai à votre désir, et malgré une préparation souvent insuffisante, entretenu des cercles littéraires et des sociétés de géographie. Je l’ai fait par considération pour vous, mes vénérés frères, et pour l’oeuvre d’évangélisation que vous faites en France. Je l’ai fait franchement et avec simplicité, et vous vous êtes déclarés satisfaits. L’honneur du protestantisme, que vous et moi nous représentons, était ainsi revendiqué. Je n’étais pas un collecteur, je n’attendais rien de plus, et souvent je n’ai rien reçu de plus. Mais noblesse oblige, et en vous quittant, permettez-moi de vous le rappeler. Vous vous êtes moralement compromis devant le public, et après m’avoir patronné devant lui, vous n’oublierez pas l’oeuvre que je vais faire loin de vous dans l’Afrique intertropicale. Si jamais l’un de mes compagnons d’oeuvre ou moi-même revenons parmi vous, vous nous accueillerez comme vos propres mandataires. Dès maintenant, vous suivrez notre entreprise à travers toutes les péripéties de son développement. Gela me consôlera de ce dont j ’ai si souvent gémi, que le voyageur ait été plus populaire que le missionnaire. <a Chers amis, nous faisons une oeuvre sérieuse, à laquelle nous avons foi. Je frémis en pensant que pour la faire nous faisons tant de bruit. Ce n’est pas ainsi que se construisait le temple de Jérusalem. Je prends ma bonne part du blâme dans ce qu’il a de mérité, et je demande instamment a mon Dieu la fidélité dans l’humilité. Redoutons de tirer parti de tout pour créer un enthousiasme éphémère. Travaillons les uns et les autres dans l’ombre et dans l’obscurité plus encore qu’en plein soleil et en public. « Au moment de tenter l’exécution des projets auxquels je vous ai associés, chers amis, je sens la responsabilité qui pèse sur moi. La critique est sur mes traces, vos espérances m’ont devancé, et je vais bientôt me trouver face à face avec la réalité des difficultés de tous genres. Mais le Maître est là et il m’appelle ; il sera ma lumière, ma délivrance et la force de ma vie. » i DEUXIÈME PARTIE L A MI SSION SE FONDE XV A Wellington. - V « école huguenote. » - Stellenbosh. - A travers la Nalalie,'— Une énizoolic. Arrivée à Léribé. — Etat de la station. Léribé, 26 août i88x Nos amis seront heureux d’apprendre que, par la bonté de Dieu, nous sommes enfin arrivés à Léribé. Nous avons eu à regretter un délai de cinq ou six jours au Cap. Nous en avons profité pour aller à Wellington serrer une lois encore la mam au vénérable vétéran missionnaire, M. Bisseux, qui représente encore le temps héroïque des débuts de la mission. Nous avons aussi visité la « Pension Huguenote », fondée et dirigée par miss Ferquson et d autres dames américaines, d’après les principes d’Holyoke et dans le même esprit La création de cet établissement, due aux efforts d’un pasteur vraiment apostolique, M. Andrew Murray, a commencé une réforme importante dans le système d éducation pour les jeunes filles du sud de l’Afrique. C’est un home plutôt qu’une pension, Tous les jours les élèves y consacrent une heure environ mais une heure évaluée en minutes pour rappeler le prix du temps - aux soins du ménage, et elles y font en même temps des études très sérieuses. A mon avis, 1 un des plus beaux fruits du système et de l’influence de la maison c est le fait que bon nombre des élèves qui en sortent sentent le besoin de farre quelque chose pour d’autres et se vouent à l’enseignement a leur tour. Déjà des institutions de ce genre se sont élevées dans les principa es vdles de la co onie, dans l’Etat-Libre et jusqu’au Transvaal. C’est une belle pensée de M. Andrew Murray d’avoir rattaché cette oeuvre à la France en 1 appelant 1 « école huguenote ». C’est un hommage à la mémoire de nos
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