aussi clairement que possible les voies par lesquelles Dieu nous avait conduits, et les sacrifices d’hommes et d’argent que cette mission lointaine et dans un climat meurtrier exigerait sûrement de nous. Et je concluais ainsi : « Je vous demande, Messieurs, de peser sérieusement les considérations et les chiffres que je vous soumets. Entreprendre une oeuvre à laquelle Dieu ne nous appelle pas, ou refuser de mettre courageusement la main à une oeuvre qu’il nous fait l’honneur de nous proposer, sont deux écueils que nous voulons éviter. Arriver à une conviction sincère et profonde du devoir, voilà ce qu’il nous faut. Prendrons-nous notre parti de nous enfermer dans les limites du petit pays du Lessouto, que d’autres Sociétés commencent à nous disputer ? « Sommes-nous déterminés à ne pas chercher de débouché pour la vie et pour l’action de nos Eglises indigènes ? « Si nous acceptons cette alternative, alors résignons-nous d’avance à renoncer au progrès; laissons à d’autres le soin d’évangéliser des tribus dont nous possédons la langue ; renonçons à nous avancer vers l’intérieur. Travaillons parmi les ba-Souto, sans avoir l’ambition de franchir les bornes de leur pays et de leur existence. Pour cela aussi, il faut un certain héroïsme. Mais Dieu, s’il le faut, peut nous le donner. « Si, au contraire, nous ne pouvons accepter cette alternative, envisageons franchement les sacrifices que nous devrons faire. Pour moi, la question des fonds pâlit devant celle des hommes. Il nous faut des hommes pour le Lessouto, il nous en faut pour le Sénégal, il nous en faudra pour les ba-Rotsi. Mais si nous avons la conviction que cette oeuvre nous est donnée de Dieu, nous ne nous laisserons décourager ni par les dépenses, ni par les revers, ni surtout par les morts de ceux qui succomberont à ce poste d’honneur. « Qu’on le comprenne bien : dans cette entreprise, la responsabilité doit surtout reposer sur les Eglises de France, sur vous, Messieurs, qui les représentez. Les Églises du Lessouto ont fait de sérieuses expériences depuis qu’elles donnèrent essor au premier élan de leur enthousiasme. Elles ont compris la grandeur et les exigences de cette oeuvre, et elles ont senti leur faiblesse. Elles ne sont pas découragées, mais c’est à vous qu’elles regardent. Elles vous suivront, mais ne demandez pas qu’elles vous devancent. « Je n’ai rien dit de l’opinion de mes collègues, ni de celle de leurs troupeaux. Elles vous sont connues. Nos discussions en conférence et en synode ont été caractérisées surtout par une extrême prudence, et par la crainte de trop s’engager et de trop compromettre la responsabilité des Églises du Lessouto. » Le Comité, profondément impressionné, tant par le devoir impérieux qui semblait s’imposer que par les responsabilités nouvelles qu’il entraînait avec SUR LE H A U T - Z A M B È Z E .
27f 90-2
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