ne pouvions tirer nos lourdes voitures embourbées qu’avec peine, bien que nous attelassions trente boeufs. Dès que notre frère Hofmeyr apprit que nous étions dans ces parages, bien qu’il fût malade, il attela son wagon et accourut à notre rencontre. Gomme la plupart des Africanders pieux, c’est un homme au coeur chaud. N’essayons donc pas dé dire les émotions du revoir dont fut témoin le bosquet où nous épanchâmes ensemble nos coeurs devant Dieu. En revoyant cet ami qui, le dernier, nous avait souhaité bon voyage il y a deux ans, nous sentîmes que nous venions de loin et nous ne revenions pas tous... Notre dévoué Bushman repose à Chochong, notre aimable Khosana et notre fidèle Éléazar au Zambèze... Oui, mais ne pleurons pas ceux que le Maître a tant honorés... Nous trouvâmes nos amis Hofmeyr dans l’épreuve : la fièvre les avait visités tous à la fois. Au village de la station aussi, nombre de gens étaient alités. Nous ne restâmes que deux jours avec nos amis, juste assez pour nous retremper dans leur communion et nous faire mutuellement du bien. Nos désirs tendaient vers Valdézia, ce Valdézia que nous avions laissé tout débordant de vie et de santé, inondé de lumière et rafraîchi par les rosées d’En-haut. Hélas ! nous le trouvâmes enseveli dans les brouillards de la maladie ; on s’aperçut à peine de notre arrivée. M. et M“* Berthoud étaient tous les deux alités ; des six petits enfants des deux familles missionnaires, la plupart avaient la fièvre, et tous réclamaient des soins incessants. M““ Creux elle-même se remettait à peine... Ajoutez à cela la position isolée de nos amis, et le manque de bons domestiques; malgré tout cela, il vous sera difficile de concevoir une position plus triste que la leur. Il était temps que nous arrivassions; Ma nièce Elise donna un coup de main pour soigner les enfants. Ma femme, elle, la diaconesse de notre expédition, et qui n’a jamais trouvé le temps d’être malade du moment qu’il y avait quelqu’un à soigner, prit sa place près du lit de M™ Berthoud. Hélas ! son privilège de garde-malade fut de courte durée; la maladie avait déjà fait de terribles progrès, et cinq jours après notre arrivée, notre soeur rendait le dernier soupir. Les moments lucides qui illuminèrent les derniers jours de sa vie laisseront toujours de doux souvenirs dans les coeurs de ceux qui ont eu le privilège d’être près d’elle ; ses paroles témoignaient de sa paix intérieure, de sa foi, d’une parfaite confiance en son Sauveur. Pour moi, je n’eus pas la douceur de me trouver avec nos amis dans ces circonstances solennelles. Dès le surlendemain de mon arrivée à Valdézia, je m’étais remis en route avec deux évangélistes pour aller chez Mochaché et voir si le petit champ de travail dont on paraissait si sûr nous était accessible. Le trajet nous prit deux semaines ; la pluie s’acharna contre nous la
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