XI Départ de Choohoog. - Cher Séléka. - Dans le désert. - Guides 1M B M- Hofineyér. Arrêt à Valdézia. — Une nouvelle porte fermee. — En route pour le xelour. P rès P rétoria, le 6 mai 1879- Dans ma dernière lettre, je prenais congé de vous devant une bifurcation de notre route, et je restais dans un très grand embarras. En proposant que nos évangélistes restassent temporairement à Chocbong pour nous permettre de conférer ensemble et mûrir nos plans, la conférence, au fond peu favorable à nos projets, parut résoudre la difficulté d’une manière satisfaisante. Mais pour plusieurs raisons, les catéchistes refusèrent positivement d y rester. Et plutôt que de retourner avec eux au Lessouto, nous nous décidâmes à suivre les premières directions qui nous avaient été envoyées et à nous rendre ensemble à Valdézia pour chercher au nord du Transvaal le champ de travail qu’on nous y faisait entrevoir. Je l’avoue, nous le fîmes a contre-coeur, car nous ne voyions pas de lumière de ce côté-là ; mais nous avions peur de manquer le sentier du devoir et de faire fausse route. Nous quittâmes donc Chochong le n5 février. Il me serait impossible de vous dire les bontés dont les ba-Mangouato nous ont comblés. M, et Madame Hepburn ont donné l’exemple; Khama et les chrétiens l’ont suivi. Pendant notre voyage au Zambèze, ils ont nourri les familles qui étaient restées chez eux, et ils l’ont fait avec une largesse et une délicatesse qui nous ont vivement touchés. A notre départ, ils ont chargé nos wagons de provisions, et comblé nos évangélistes de présents, de vêtements et de riches fourrures. Nous aussi, nous avons eu notre part d attentions de a part du chef et d’autres personnes. La petite communauté d Européens, a laquelle j ’ai eu le privilège de prêcher l’Evangile pendant notre séjour à Chochong, a aussi tenu à nous témoigner sa sympathie au moment de notre départ. Comme la saison des pluies était déjà très avancée, nous nous aventurâmes à prendre le chemin le plus direct, si de chemin il y a trace dans ces déserts-là. Six jours après, nous étions chez Séléka. Nous aurions du, dit-on, faire le trajet en quatre jours, ce dont je doute un peu. Séléka est un petit chef tributaire de Khama. Son village est pittoresquement placé dans l’élargissement d’une gorgé magnifiquement boisée, et son pouvoir s’étend sur quelques hameaux dispersés sur les rives du Limpopo. Nous avions à peine dételé dans la forêt à l’entrée de la gorge, que nombre de gens à pied, à cheval et à boeuf s’empressèrent de venir nous voir. Le vieux chef était malade ; je le vis pourtant. Il chargea un de ses fils de rassembler ses gens et de lui rapporter mes paroles. La prédication de l’Evangile terminée, je fus tout surpris de voir les hommes, tenir conseil, et puis, de concert avec leur chef, nous supplier de nous établir chez eux. Ce qui leur était échappé dans nos conversations de la veille aurait dû me préparer à la chose. « II y a longtemps, disaient-ils, que nous soupirons après un missionnaire, nous 11e savons à qui nous adresser, et personne ne pense à nous. Sûrement c’est Dieu qui vous a envoyés; ne passez pas outre. » — Ce pressant appel remua profondément nos catéchistes, mais vous comprendrez aisément que je ne me sentisse pas libre d’y répondre alors. Nous leur promîmes cependant d’en conférer avec qui de droit et de leur faire connaître notre décision plus tard. Pauvres gens ! ils nous virent avec regret atteler nos voitures et passer outre. Ils nous donnèrent des guides pour remplacer ceux de Khama, et dans l’espoir de pouvoir encore traverser le Limpopo, nous voyageâmes à marches forcées par des pluies diluviennes et à travers un pays défoncé. Nous passâmes le fleuve à un endroit où, nous affirmait-on, le wagon d’un chasseur s’était une fois aventuré ; lés arbres y ont dû croître et les berges s’élever depuis, aussi ne saurais-je recommander aujourd’hui ce gué à personne. Nous prîmes presque tout le jour à effectuer la traversée, tirant de temps en temps des coups de fusil pour écarter les crocodiles. Le soir, sur la rive opposée, nous n’eûmes que des actions de grâces à rendre à notre bon Père Céleste. De là nos guides devaient nous conduire à travers les bois vers la pointe d’une montagne du Blauberg, où réside un petit chef du nom de Mapéna. Après avoir erré dans ce désert plusieurs jours, nous nous trouvâmes engagés dans des collines, des gorges et des fourrés si épineux et si épais, qu’il nous était difficile d’avancer. Nous avions fait fausse route. Me sachant dans le voisinage du chef Maléboho, j ’envoyai au village le plus rapproché pour demander des guides. Une troupe d’hommes armés parut bientôt; leur mine et leurs danses n’étaient pas tout à fait de nature à nous rassurer. A Chochong un de nos amis qui revenait de Potchefstroom m’avait affirmé que les tribus du Zoutpansberg se soulevaient contre le gouvernement anglais, et qu’on organisait un régiment de volontaires pour les soumettre. Mais le désir de prendre le chemin le plus direct avait fait taire
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