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X Regard en arrière. — Les avantages et les difficultés d’une mission chez les ba-Rotsi. — Nos deuils. Mort de Bushman. — Serpa Pinto. Chochong, i5 janvier 187g. Jetons un regard en arrière. Notre voyage, notre arrivée chez les ba- Rotsi, le résultat de mes transactions avec eux vous sont déjà connus. Ce sera toujours un vif regret pour moi de n’avoir pu aller jusqu’à la capitale et traiter avec le chef en personne. Mais quand son message me parvint, la saison était trop avancée, nos provisions aussi étaient épuisées, de sorte qu’il ne nous était plus possible de prolonger notre séjour au Zam- bèze. Les ba-Rotsi sont peu habitués aux affairesgiet comme l’entrée de leur pays, la rive gauche même du fleuve, est absolument interdite aux étrangers, il n’était pas étonnant que je rencontrasse de grandes difficultés, perdisse un temps précieux et fusse après tout exposé à être mal compris et mal interprété dans les communications que j ’essayais d’avoir avec le chef suprême du pays. II eût été désirable de consacrer au moins un mois de plus à cette mission ; mais', comme je l’ai dit, dans nos circonstances, la chose n’était pas possible ; nous étions partis trop tard de Chochong. 1§- Le premier message du chef me congédiait avec politesse en m’envoyant dé l’ivoire, une défense. Il m’avait sans doute pris pour un marchand. Mieux renseigné sur notre compte par ceux de ses vassaux qui avaient fait notre connaissance, il se hâta d’envoyer un nouveau message par un des chefs de Séchéké. Il exprimait son regret du malentendu dont il rejetait toute la faute sur ceux de ses subalternes qui s’étaient chargés de nos affaires. Il me mandait que, si j ’étais pressé de partir, à cause de la saison des pluies, je le pouvais, à la condition, de revenir l’hiver prochain quand le blé serait mûr. « Moi-même, ajoutait-il, j ’aurai alors construit ma capitale, et je serai tout prêt à vous recevoir. » Morantsiane, le chef principal de Séchéké, me dit avoir reçu les ordres pour qu’à mon retour on nous fît passer sans délai à Séchéké, mes gens et moi, et qu’on nous conduisît à la capitale. Ce message, que nous discutâmes librement avec tous les chefs, nous a pleinement satisfaits. Si l’on compte sur notre retour, il est bien entendu que c’est avec les familles des catéchistes et pour nous établir définitivement dans le pays. Je n’ai rien osé promettre. Vous aurez déjà vu par nos lettres précédentes qu’au Zambèze nous sommes tombés en plein Lessouto : mêmes moeurs, même langage. Les ba- Rotsi, qui forment l’aristocratie du pays, parlent tous très bien le sessouto ; et le moyen de communication entre les tribus qu’ils gouvernent, c’est encore le sessouto. Des 1 abord, cela nous a donné, tant aux évangélistes qu’à moi-même, droit de cité parmi ces peuplades. La confiance naît vite entre gens qui peuvent se comprendre. Ainsi donc, si jamais ce champ devenait nôtre, tous nos livrés, nos institutions, nos ouvriers pourraient servir à cette mission, aussi bien qu’à celle du Lessouto. C’est un avantaqe incal- 'culable. Il y aura des difficultés sans doute. L’état politique des ba-Rotsi a aussi, depuis trois ans, ete peu rassurant. Une révolution a renversé Sépopa, qui s’était rendu odieux à la nation par son manque de respect pour les femmes et la propriété de ses sujets, bien que, du reste, il fût très populaire. On l’envoya mourir de ses blessures et de faim, abandonné sur les rives du fleuve. Ngouana-Ouina lui succéda. Mais, à cause de sa tyrannie et de ses cruautés, une nouvelle révolution l’expulsa et plaça au pouvoir un fils de Sépopa, Robosi, un jeune homme qui paraît populaire. Mais l’homme le plus influent de la tribu et qui gouverne de fait, c’est Gambéla, plus connu sous son nom d’office de Sèroumbo. C’est un homme dont tout le monde dit beaucoup de bien. La distance du bo-Rotsi au Lessouto est grande, je le reconnais. Surtout le grand obstacle d’une mission au Zambèze, c’est la fièvre. Livingstone a déjà fait connaître la vallée des ba-Rotsi. Elle est peu poétique et le climat en est meurtrier. Il suffit pour s’en convaincre de se souvenir que, lors des crues du Zambèze, toute la vallée est inondée, et les villages ne sont plus que des îlots. Les habitants préfèrent alors aller passer quelques mois sur les collines. On dit que les hauteurs de Katongo (et non la plaine où se trouvait le village lors du passage de Livingstone) et celles des environs des chutes de Ngonyé pourraient offrir un endroit comparativement salubre pour la fondation de la station centrale. Mais, disons-le franchement, si le poste périlleux est le poste d’honneur, le voici. L’occuper, c’est être prêt à affronter la fièvre et à sacrifier des vies. C’est à vous de juger si de jeunes Eglises qui font leurs premiers essais dans l’oeuvre missionnaire, et une Société1, comme la nôtre, toujours pauvre en ressources d’hommes’ et d argent, peuvent ou non entreprendre une oeuvre pareille. Vous connaissez opinion de nos évangélistes. La mienne, c’est que c’est une question de


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