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Dans le conseil de leur peuple il ouvre la bouche, on l’écoute , Son air aimable et loyal bientôt a gagné tous les coeurs, Et, débordant d’un saint zèle, il parle des choses de Dieu. Quel est-il donc, cet étranger, si vaillant, si doux et si sage ? On l’admiie, on est sous le charme ; ils vont se disant l’un h l’autre : « Ce n’est plus un mo-Kololo : c’est un mo-Rotsi, c’est un frère. » Mais le jour vient où tristement chacun murmure : « Il est malade » ; Les voyant autour de son lit, il sourit et dit : « Bon courage ! « Que je sois debout ou couché, je suis sous les ordres d’un Chef. » Bientôt ses amis l’ont rejoint. Voyant son pasteur, il s’écrie, Oubliant le mal qui le brûle : « Frère, envoie-moi encor plus loin ! » rrf- « T’envoyer plus loin? mais jusqu’où? jusqu’à cent lieues d’ici, chez le roi ? « Oui, tu vas aller chez un roi, mais non pas chez un roi de la terre. « Renonce aux choses de ce monde : c’est ailleurs qu’est ta mission. « Maintenant, c’est Jésus, le Seigneur, — oui, mon frère, c’est Lui qui t’appelle. « L’heure approche où tu vas nous quitter : c’est à toi de nous donner tes ordres, « C’est à toi de nous ouvrir ton coeur... Si Dieu nous ramène au pays, « Vers ta femme, vers tes enfants, — que leur dirons-nous de.ta part? » PjjL « Je vous ai compris... je suis prêt... Mais pour mes enfants, pour leur mère, « Quel message vous confier?... J ’ai dit ce que j ’avais à dire, « Quand je les serrais dans mes bras, au moment des derniers adieux. « Je leur ai dit : Souvenez-vous que partout la mort nous rencontre ; « Partout Ton trouve des tombeaux, partout le ciel est près des hommes. « Je baise la main de mon Maître et je bénis sa bienveillance, « Car il m’a permis de vous suivre, il a dirigé tous mes pas, « Il m’a conduit à Séchéké... c’est là que je vais m’endormir... « Ma tombe sera le poteau que Ton dresse au bord du sentier : « Il montrera la route à suivre vers la vallée des ba-Rotsi. « Vous, mes amis, ne pleurez pas; que vos coeurs ne soient point troublés*;' « Réjouissez-vous avec moi, car la porte nous est ouverte. « 0 ba-Souto ! Dieu vous honore ; Il vous donne les ba-Rotsi ! « Point de retard : Apportez-leur Jésus seul, Jésus tout entier. » Il se tait, mais Ton voit encor doucement remuer ses lèvres : Ce sont les mystères du ciel que déjà contemple son âme ; Il s’entretient avec Jésus, et son visage resplendit. Jésus et lui parlent ensemble... enfin, sur un signe du Maître, Il ouvre son aile et s’envole... Un soupir... encore un soupir... Et puis, plus rien... tout est paisible... Il est entré dans son repos. 0 toi, mon frère bien-aimé, mon appui, mon conseil et mon guide, Pourquoi me laisser dans les larmes, écrasé sous le poids de la tâche? Mais non... le Chef a commandé : tu n’as fait que lui obéir. Ton Maître n est-il pas le mien? Nous restons soumis à ses ordres, Mais toi, tu le fais dans la gloire, et moi, je le fais dans le deuil. Ferme les yeux et dors en paix ; dors en paix, soldat du Seigneur, Partage sa félicité : tu luttas jusqu’à la victoire. Mais qui ramassera tes armes? Qui, pour marcher à l’ennemi, Franchira d un bond ton cadavre? Où se trouve-t-il, ce héros? Il paraîtra. Tu nous 1 as dit : ta tombe, c’est une promesse; C’est une parole donnée aux ba-Rotsi : nous la tiendrons. Encore un peu de patience ! Il faut retourner sur nos pas ; Mais nous reviendrons sans tarder, et tu nous verras revenir ! Et toi, Khosana, dont la tombe est sur l’autre bord du Zambèze, Nous passerons à Léchoma, et tu nous reverras aussi ! Adieu, vaillant compagnon d’oeuvre... Adieu, doux fils du Lessouto !... Puissé-je mourir comme toi, Éléazar Marathane!


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