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Tous les remèdes furent inutiles. Au bout de trois jours de souffrances, il rendit le dernier soupir, laissant sa dépouille mortelle dans l’attitude du sommeil. C’était dans la matinée du vendredi i 3 septembre. Le lendemain, nous le conduisions à sa dernière demeure, avec des sentiments de soumission, sans doute, mais aussi de tristesse, qui peuvent mieux se comprendre que s’exprimer. Il repose à l’ombre d’un bel arbre acajou, en attendant l’aurore de la résurrection. Son tombeau pourra rester ignoré des passants ; mais le Seigneur connaît ceux qui sont siens, et leur mort est précieuse devant ses yeux. C’est là la première mort que nous ayons eue parmi les membres de l’expédition depuis dix-huit mois que nous voyageons. Elle nous a pris par surprise, et il nous semble encore être sous l’empire d’un affreux cauchemar. Le Seigneur nous a baptisés par l’affliction. Cette tombe, à la porte du pays des ba-Rotsi, est un sérieux appel à la jeunesse du Lessouto. Khosana était un jeune homme de Léribé qui s’était volontairement offert pour cette expédition. Sa conversion date de la visite du major Malan. Il s’était tous les jours rendu plus cher à nos coeurs par une obéissance et un respect qui ne se sont jamais démentis. Son caractère gai et enjoué le rendait le favori de tous. Il aimait beaucoup le chant. Sa piété douce et sans ostentation en faisait un évangéliste populaire. Sa tâche n’était pas précisément d’exhorter ; c’est à de plus âgés qu’il laissait ce privilège. Mais, après les réunions, il aimait à s’asseoir au milieu d’un groupe de païens, et à leur enseigner un verset de la Parole de Dieu ou le chant d’un cantique. Il laisse un vide parmi nous ; mais c’est à la douleur de sa mère et de son père que nous pensons ! Que Dieu les soutienne et les console !... Léchoma, g novembre 1878. Je reviens encore une fois de Séchéké, et je me hâte de profiter d’une occasion qui se présente pour vous donner de nos nouvelles, et, tout d’abord, en ce qui concerne le but de notre expédition. La première partie de ma lettre vous a déjà fait voir que les ba-Rotsi aiment prendre leur temps, même en traitant d’affaires. C’est ainsi que le messager, envoyé à la capitale et dont on me faisait espérer le retour à la fin de septembre, n’arriva qu’à la fin d’octobre. Le roi n’avait pas compris le message et me refusait l’entrée du pays, prétextant la guerre civile qui le menaçait. Les chefs de ce quartier, surpris d’une telle réponse, m’invitèrent à Séchéké, où je me rendis immédiatement avec Asser. Eléazar, lui, nous y avait déjà précédés et nous attendait depuis six semaines. Morantsiane, tout en me transmettant officiellement la réponse du chef, me dit que, depuis lors, les officiers qui étaient venus


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