C’est au commencement d’avril que nous tournâmes décidément les timons de nos voitures vers le sud. C h a q u e étape nous éloignait du pays où nous avions voulu arborer le drapeau de l’Évangile. Tout était maintenant devenu difficile, nos gens étaient fatigués et découragés, et le voyage était des plus pénibles. Pour ajouter à nos tristesses, la fièvre se déclara parmi nous. Six de nos gens tombèrent malades à la fois. Nos wagons vous auraient rappelé vos ambulances d’Europe. Le nôtre avait deux patients pour qui nous renouvelions à chaque halte la couche de feuillage. C’est ainsi que lentement et péniblement nous arrivâmes à Tati. Plusieurs fois j’avais cru que nous serions obligés de creuser une fosse pour l’un de nos malades, mon fidèle Bushman (de nom, mais pas dé race). Il vivait pourtant; mais il était si bas qu à moins d’un miracle de la bonté de Dieu, il était perdu. Nous restâmes quelques jours à Tati*. Du reste, tout le monde semblait avoir besoin de repos. Un Boer revenait de la chasse, avec son wagon couvert de peaux d’animaux sauvages. J’achetai de lui, à bon compte, la chair de presque toute une girafe. Ce fut une agréable occupation pour notre monde de la faire sécher. Quant à moi, je profitai de ce répit pour explorer un peu ces environs, et les mines d’or. Vous savez tout le bruit qu’ont fait, il y a quelques années, les mines d’or de Tati. Des centaines d’Européens y accoururent pour y tenter fortune, et l’on m’assure qu’un grand nombre de cottages garnissaient les pentes des collines et les bords de la rivière. Je visitai avec grand intérêt les carrières et les puits profonds d’où l’on extrayait le quartz aurifère. Maintenant tout est changé, Ta population a disparu. Les puits sont abandonnés, l’herbe et les buissons recouvrent les chemins, les maisons blanches ont été balayées, et les quelques magasins qui leur ont survécu sont en ruine ; la machine enfin, renversée par les torrents, à demi détruite par les natifs qui l’ont dépouillée de son cuivre pour s’en faire des ornements, gît là, rongée par la rouille, presque enfouie dans le lès Éqlises du Lessouto, c ’est la vérité. Je te remercie du soin que tu as pris d’eux et de mon missionnaire, M. Coillard. J’avais déjà appris que tu les avais envoyé chercher et que tu leur avais fourni des provisions pendant bien des jours. . . . . . , . Tu sais, grand chef, que mon père aimait les missionnaires, et q u il a souvent dit à ses amis, les cheis aes tribus d’alentour, que l’Evangile l’avait sauvé, lui et son peuple, de la destruction. . . . . Ici, au Lessouto, nous avons plusieurs missionnaires ; beaucoup de mes gens sont devenus catéchistes et maîtres d’école, et nous vivons heureux et dans la paix. Maintenant, grand chef, je désire’ que ’ tu v ives • én pai* et en honneur. Je te salue, esperant que tü continueras à bien traiter mon missionnaire et mes gens, et que tu leur permettras d’instruire quelques-uns de tes nombreux sujets. , „ . > > „ . J e d em eu re , g r a n d c h e f , ton am i. L e t s ié , c h e f suprême des ba-Souto. Contre-signé : T sé k é lo Mo shesh. r. Tati est à mi-chemin entre le 21» et le 22» degré de latitude sud, et sous le 26» degré de longi- tjide est, méridien de Paris. P l . II.
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