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il importe que vous soyez éclairés. La Société de Londres va commencer une oeuvre au lac Ngami, chez Létsoulathébé. Du lac, en-deçà du Zambèze, jusqu’aux mines d’or que Baines a découvertes chez les ma-Chona, à la pointe nord de la chaîne de montagnes marquées sur sa carte, les ma-Tébélé ont tout dévasté; il n’y a plus vestige de population. Je le tiens de bonne source. Il reste donc l’autre côté du Zambèze. Mais avant d’oser le traverser, même par la pensée, arrêtons-nous et prions ! ! J’ai de la peine à résister au courant de découragement qui entraîne tout le monde autour de moi. Mais j ’ai la conviction bien intime que Dieu nous ouvrira une porte quelconque et que tous les sacrifices qu ont faits les pauvres Églises du Lessouto, toutes les prières qui ont été offertes et qui le sont encore, tout cela ne sera pas en vain. Nous, nous sommes prêts à tout, mais à retourner aü Lessouto moins qu’à toute autre chose. Nous sommes en campagne et nous ne pensons pas encore à nos foyers. Ma femme a été menacée d’une fièvre rhumatismale qui l’a retenue plusieurs jours au lit. Moi-meme j ai souffert d’une ophthalmie nerveuse pendant près de quinze jours. Mais maintenant nous sommes bien, grâces à Dieu; tous nos gens vont bien aussi et seraient parfaitement heureux sans l’épais nuage qui vient de s’abattre sur nous. Gela se comprend; ce qui ne serait pas bien, c’est qu’il y eût joie et chants au camp comme d’habitude. Audience officielle. — Pluie d’injures. — Premier appel du Zambèze. Du pays des ma-Tébélé, 5 mars 1878. Les prédictions les plus sombres de ceux qui prétendent connaître ici le véritable état des choses se sont plus que réalisées. Après les grandes fêtes nationales, le sacrifice d’une quinzaine de vies humaines et les purifications d’usage, Lobengoula se souvint de nous. Il envoya quérir notre ami M. Sykes qui, malgré des pluies incessantes, se hâta de venir avec toute sa famille. Nous nous rendîmes ensemble au nouveau campement du roi des ma-Tébélé qui mène une vie semi-nomade. Il nous fallut encore, pendant trois ou quatre semaines, attendre son bon plaisir. Enfin le conseil des Grands de la nation se réunit. Ils eurent avec leur maître une conférence particulière qui dura tout un jour, — et ce n’était pas la première, je suppose. Le lendemain nous fûmes admis. Nous nous attendions à toute l’étiquette et àu décorum qui sont de rigueur et auxquels nous sommes habitués, au Lessouto, en pareil cas. Mais c’est à des ma- Tébélé que nous avions affaire. Tout le monde parlait à la fois, et l’un plus fort que l’autre. On nous accablait de questions, sans nous laisser le temps de répondre. On nous reprocha le chemin que nous nous étions ouvert pour pénétrer chez les ba-Nyaï, puis le fait que nous n’avions aucun caractère officiel, n’étant pas envoyés par le chef suprême des ba-Souto. Nous étions préparés à tout cela... Ce n’était là toutefois qu’une entrée en matières. Le grand cheval de bataille de ces rusés diplomates, ce fut l’affaire de Langalé- balélé l. « Dites-nous son crime ! Dans quel pays, dans quel endroit, par qui 1. Langalébalélé est un chef de la même extraction que les ma-Tébélé, mais qui résidait à Natal d où ils sont eux-mêmes originaires. Il y a quatre à cinq ans, ce chef, s’étant fait soupçonner par des achats d’armes de vouloir s’insurger contre les Anglais de Natal, fut sommé de comparaître devant le gouverneur. Au lieu d’obéir, il franchit la frontière avec tout son monde et se réfugia sur le territoire de Molapo, fils de Moshesh. Le représentant de l’autorité britannique dans le Lessouto ordonna alors a Molapo de l’aider à capturer Langalébalélé, ce qu’il dut faire pour ne pas être lui-même traité comme un rebelle. Malheureusement il le fit de la manière la plus répréhensible, en le trompant et le trahissant. C est ce qui enrageait les ma-Tébélé et ce qu’ils ne pouvaient pardonner.


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