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peu élevées qui courent parallèles au fleuve, et les dunes qui entourent la « Vallée s sont couvertes de bois et de forêts dont rien ne rappelle la végétation luxuriante que l’on trouve ailleurs dans les mêmes latitudes ; mais riches cependant en bois de menuiserie et de charpente aussi bien qu’en essences diverses que l’industrie ne manquera pas d’exploiter un jour. Elles abondent aussi en miel et en fruits sauvages qui sont une vraie providence pour nos Zambéziens en temps de famine ; tandis que le fleuve lui- même est aussi une ressource inépuisable par le poisson qui foisonne dans ses eaux. Pour en parler avec autorité, il faudrait plus de compétence que je n’en ai. Qu’il suffise de constater que le poisson est un des éléments importants de la nourriture des Zambéziens. • Ils en raffolent. Jamais encore je ne les ai vus se dégoûter d’un lambeau de poisson arraché à quelque oiseau de proie, quel qu’en fût le degré de décomposition. Leurs engins de pêche sont des plus variés. Ils font des barrages de roseaux, des nasses et des filets de toutes grandeurs. Ce qu’ils ne mangent pas, ils le sèchent, et c’est, je n’en doute pas, à cet abus qu’ils doivent quelques-unes de leurs affreuses maladies. Il n’entre pas dans mon plan, et l’espace me ferait défaut, de parler de la faune de ces régions. M. Selous l’a fait avec une indiscutable compétence. Livingstone, en arrivant pour la première fois sur les rives du grand fleuve, avait été émerveillé â la vue de la quantité incroyable de gros gibier qu’il y trouvait. Vingt-cinq ans plus tard à peine, bien qu’il eût déjà considérablement diminué, j ’éprouvais sur le même lieu le même étonnement. Mais ce paradis du chasseur menace de bientôt disparaître. Parmi ces innombrables troupeaux, la peste, s’il faut en croire les coureurs d’éléphants, y aurait fait ses hécatombes et se serait ainsi propagée. Mais ce sont les chasseurs indigènes eux-mêmes qui, sans conscience aucune, hâtent l’extermination de certaines espèces, déjà devenues rares. II est grand temps que des lois intelligentes et strictes protègent ce qui en reste, et on ne saurait trop applaudir au projet dont le capitaine Gibbons est le promoteur, de convertir les parages des cataractes Victoria en une immense réserve pour la faune africaine. Il ne sera pas sans intérêt de savoir que la tsetsé, cette mouche destructive dont la piqûre est mortelle pour tous les animaux domestiques et surtout pour les bêtes-à cornes, tend à s’éloigner toujours plus des lieux qu’elle hantait autrefois, en suivant le buffle dans ses migrations. Malgré cette digression, dont je demande pardon, ce que j ’ai dit de la contrée et de ses conditions climatériques suffit pour faire comprendre comme quoi les fièvres paludéennes y sont endémiques. Les indigènes eux-mêmes y sont sujets. Les Européens, eux, y végètent plutôt qu’ils n’y vivent; fis s’y habituent sans s’y acclimater complètement.


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