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i l : a n 11 1 1 1 1 sombres nuages. Je ne m’y attendais pas, je ne voulais pas y croire. Je m’obstinais à compter encore sur quelques années de ministère actif, et je nourrissais même secrètement l’espoir que c’est dans ce pays, à Séfoula, disons-le, que je reposerais à côté de celle qui, pendant tant d’années, a partagé tous mes labeurs et toutes les péripéties de ma vie agitée. J’y comptais tellement, que je souriais de tout mon coeur aux nouveaux horizons que mon voyage chez Kakengé avait ouverts devant moi. Il m’a été dur de plier ma volonté à celle de mon Maître. Il me semblait que j ’avais de si excellentes raisons ! Le Seigneur ne discute pas, Lui. Il a appesanti sa main sur moi et, peu à peu, par un effet de sa grâce, m’a amené une fois encore à m’abandonner entièrement à sa volonté. Il m’a appris tout à nouveau^ la trouver non seulement parfaite, cé dont nous ne doutons jamais, mais même bonne et a g r é a b l e . Je lis donc, avec l’aide de mes garçons, ce que je pus en fait de préparatifs, ce qui ne veut pas dire grand’chose. Je désirais ardemment visiter au moins une dernière fois le village ; ce désir de mon coeur ne m’a pas été accordé, un désappointement d’autant plus amer que je ne pouvais pas recevoir de visiteurs, à part de rares exceptions. J’ai eu la douloureuse satisfaction d’un tête à tête avec André, mon pauvre enfant prodigue. Il reviendra, j ’en ai la confiance et ses confessions me l’affirment, mais, pour le moment, il en est encore à paître les pourceaux et à envier leurs carouges. Le roi, lui, qui venait me voir assez fréquemment, me disait un jour : « Ah! si je ne suis pas encore sauvé, ce n’est pas ta faute. Tu ne t’es pas donné de repos, mais tu ne m’en as pas donné non plus! » Le Seigneur, dans sa bonté, me donna assez de forcé et de grâce pour adressèr à nos chères gens mes dernières exhortations et mes adieux. Et puis... le 3o octobre, trois ans donc, presque jour pour jour, après mon arrivée, je quittais Léalouyi, la termitière de Loatilé qui m’est devenue si chère et, porté en litière, je partais tout seul pour Séfoula. Les Adolphe Jalla devaient partir le lendemain par le fleuve et m’attendre à Nalolo. Trajet bien mélancolique et bien douloureux que le mien! C’était la première fois de ma vie que je me trouvais bercé sur un matelas que chaque pas des porteurs faisait rebondir. Et puis, cette litière se cassa, il fallut à plusieurs reprises la raccommoder; puis survint la nuit, un violent orage éclata; le wagon qui nous avait devancés avec les bagages s’était ensablé à distance. C’est au milieu de la nuit que nous atteignîmes la station. Pins de lumière à la fenêtre maintenant. Personne ne nous y attendait — et qui nous aurait attendus, je vous prie? — Quelle désolation! N’en parlons pas. Je me jetai sur mon lit où je me roulai dans l’angoisse jusqu’au matin. Je passai deux jours à Séfoula. Outre mes expériences purement personnelles, dont je ne dis rien, ce fut un rayon de soleil que la réunion d’adieux, très nombreuse et intéressante.


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