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Lobenqoula * qui, furieux de ce que nous avions pénétré à son insu dans un pays qu’il a tout intérêt à fermer aux Européens, avait dédaigneusement refusé d’accepter mes salutations et mes présents. Après avoir contraint a- • sonda de rendre tous les boeufs et les objets qu’il nous avait volés, les chels nous ordonnèrent de lever le camp et de fait nous constituèrent leurs prisonniers. Pauvres ba-Nyaï! ils comprirent en nous voyant partir quils perdaient des amis, et malgré leur frayeur, ils étaient là groupés sur les rochers et nous les entendions se lamenter. Il serait difficile de dire ce que furent pour nous ces trois semaines de marches forcées, à travers un pays sans route, des rivières sans gué, des vallons fangeux et des collines rocheuses et boisees. Chacun de nos mouvements était épié. Osions-nous n o u s rafraîchir au ruisseau voisin ? c’était un crime : ne faut-il pas comparaître devant Sa Majesté tout couvert de sueur et de poussière, comme preuve d obéissance et d’empressement? Osions-nous cueillir une fleur? nous prenions des échantillons de leur pays pour nous en emparer. Ecrire? qui sait a quel art occute nous nous livrions ainsi et les dangers qui les menaçaient? Tous les jours, des coureurs partaient pour la capitale. Enfin nous arrivâmes en vue de Boulouwayo. Le coeur bien gros nous en gravissions déjà la pente sillonnée de ravines, quand un messager vint nous donner l’ordre de nous arrêter, sans faire un seul pas de plus, pour choisir un endroit plus convenable. Vers le soir un de ces magiciens, dont 1 aspect rébarbatif nous est assez familier, arriva à la tête d une troupe. Nos soldats se levèrent immédiatement, se mirent en rang et le magicien, trempant une queue de gnou dans un liquide visqueux et verdâtre, les en aspergea devant et derrière. C’était les exorciser. Puis, se tournant brusque- , , , - ¡S SUCGe5scur du terrible Mossélékalst. I I n'était pas sou héritier légil Ü g l I î â l ï f S r ie u r , m a is q u i l a v a it d é s ig n é c o p . • • e ch a rq é d e i e fa ; , e d isp a ra ître , le d é co u v r it a K o u roum a n n é t a i t pa s pa rm i le s m o r ts . M o s sélé k a ts i a v a it d it q u i l ne fa lla it pa s sou ille r de qu e lq u e d is tan ce d e là et le t r a n g a , p a r q se c re t A p r è s la mo rt d e M o s sélé k a ts i, o n se beugoula a sumles errements de so p , p ba_NyaI à Fabri de sa tyrannie; ou voit si cette partout ses ran g e s et ses dois aiôutm ^rne quelques personnes, dont l’opinion a du poids, ont eon- KotoJan n'aîait ^ i l ^ t mis“ “ ¡ T r ™ *> S f e f 04 u mourut ,ueique tem p s a]>rès. , ment vers nous, il nous fit tous passer par cette dégoûtante cérémonie. Nos wagons, nos boeufs, les enfants, les femmes et les hommes, personne n’échappa. « Et celui-là, fit-il en fixant sur moi des yeux de flamme, allons ! libéralement, c’est le grand sorcier ! » Et libéralement je reçus la médecine sur les habits et en pleine figure. Tout cela n’était pas de nature à nous rassurer. Deux jours d’attente se passèrent ainsi, gardés à vue. Personne n’osait s’approcher de nos voitures et pour nous éviter, tout le monde faisait un grand détour. Le troisième, c’était un dimanche; l’après-midi, un messager m’annonce que le roi me mande. « Cours donc, blanc que tu es, puisque le roi t’appelle ! » Mais à mesure que j ’approchais, je sentais au contraire le besoin de ralentir le pas. Je passai d’une cour dans une autre. Partout des hommes le corps nu, la tête ceinte de la couronne de cuir, le symbole de leur virilité, étaient là, accroupis et silencieux. Au centre se trouvait un wagon, et nonchalemment accoude sur la caisse qui sert de siège au conducteur, je remarque un homme corpulent, à figure douce. Ses mains soyeuses, ses ongles démesurément longs, les peaux de singes qu’il porte à sa ceinture, ces hommes que je vois l’approcher en se courbant, tout me dit que c’est Lobengoula lui-même. Je le saluai, il me salua en sessouto, et une pause embarrassante s’ensuivit : « Où est ta femme? » dit-il enfin. — Au camp. — Pourquoi ne l’as-tu pas amenée ici pour me voir? Parce que chez nous ce n’est pas la coutume que les dames visitent d’abord les messieurs. Nouvelle pause. Morouti, où est ta femme? fit-il de nouveau. — Moréna, elle est au camp. — Pourquoi ne l’as-tu pas amenée pour me voir? Parce que chez nous ce sont les messieurs qui vont faire leurs hommages aux dames et pas les dames aux messieurs ! — Tè bo ! — Vraiment ! Nouvelle pause. Puis une troisième reproduction de la même conversation suivie d’une nou- velle pause. Comprenant que cette entrevue était tout aussi gênante pour Sa Majesté que pour moi, je pris congé. J’avais vu son visage et dès lors notre escorte nous quitta et nous nous sentîmes plus fibres. Mon étrange conversation m’avait impressionné. J’avais bien essayé de dire un mot sur notre expédition, mais il m’avait imposé silence en disant que le moment n était pas venu. L’idée me vint que Mme Coillard pourrait être plus HAUT-ZAMBEZE. /


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