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trouvâmes oue nous avions plus de raisons de bénir que de murmurer. Nous avions la vie sauve, nos bagages n’avaient pas été pillés, et, bien que nous eussions perdu plusieurs boeufs, il nous en restait encore trente : dix pour chaque voiture. Nous ne pûmes pas aller loin, car la nuit était très obscure, et, à chaque pas difficile, il fallait doubler l’attelage. Nous dûmes nous résigner à attendre le matin. Les indigènes nous entourèrent, mais ne nous attaquèrent pas. Ainsi l’Ange de l’Éternel campe tout autour de ceux qui le craignent et les délivre. (Ps. 3/1-7:) . - , ' . : ” . Le lendemain, une troupe de gens de Maliankobé vint à notre rencontre et nous amena à Nyanikoé sans plus d’aventures. Le chef nous reçut avec beaucoup de réserve. Nous arrivions chez lui comme des gens réchappés d’un naufrage. Maliankobé envoya chez Masonda pour s’enquérir de ce qui venait d’arriver, mais un homme que j ’envoyai avec son messager ne fut pas reçu. Ce qui nous revint, ce furent les prétentions de Masonda. « Donnez-moi dix sacs de poudre et un wagon chargé de vos bagages, et vous aurez vos boeufs. » De leur côté, les chefs du lieu où nous étions commençaient à suivre avec nous un système de spoliation des plus déraisonnables et des plus ruineux. Nos rapports faillirent se gâter tout à fait. Nous découvrîmes que les ba- Nyaï paient tribut à Lobengoula, chef suprême des ma-Tébélé. Les premiers ma-Tébélé venus marchent ici la tête haute et se permettent d’insulter impunément chefs et sujets. Je me décidai alors à envoyer des messagers chez Lobengoula, et à profiter de cette occasion pour ouvrir des rapports avec les missionnaires d’Inyati. Mais ce qu’il a fallu de prudence pour ménager les susceptibilités, de patience et de persévérance, vous n’en avez pas d’idée. En fin de compte, Asser est parti avec un de nos jeunes gens qui parle le zoulou, et le chef a donné son frère pour l’accompagner. Un moment, nous avons été sur le point de nous mettre nous-mêmes en route, mais la pensée de laisser nos gens et nos bagages ici, et la crainte d’être surpris par les pluies, nous y ont fait renoncer. L’impossibilité où nous étions de voyager avec si peu de boeufs nous a paru aussi une manifestation de la volonté de Dieu. Lorsque Asser sera de retour, nous le placerons ici avec Aaron, et nous pensons nous rendre alors jusqu’auprès du chef Zémito, où André et Azaël pourront être installés et où nous-mêmes passerons la saison des pluies. Je ne puis rien dire de plus sur nos plans. Nous désirons être conduits pas à pas. J’envoie cette lettre par les gens de M. Hofmeyr qui retournent chez eux. Ils nous ont été d’un grand secours et se sont tellement identifiés avec nous qu’il nous en coûte de nous séparer d’eux. Ils ont gagné nos coeurs. Le grand chef des ma-T ébéléN égocia tions laborieuses,S Quelle porte Dieu ouvrira-t-il? Boulouwayo, 18 janvier 1878. Deux mois durant nous attendîmes le retour d’Aser de Boulouwayo. Il faudrait un volume pour dire les péripéties de nos espérances et nos angoisses pendant ce temps. Nous avons couru les plus grands dangers. Le pays est un véritable coupe-gorge, sans aucune autorité suprême. Les villages indépendants les uns des autres sont souvent en guerre ; aussi sont-ils perchés sur les rochers des sommités les plus inaccessibles. L’insécurité qui y règne est telle, qu’un mo-Nyaï ne s’aventure jamais seul dans ses champs, et jamais non plus sans ses armes. De nuit comme deitjour, en voyage comme à la maison, au travail comme au conseil, il porte toujours ses sagaies et son arc et, attaché au bras gauche, le terrible coutelas qu’il dégaine instantanément au moindre soupçon de danger ou à la moindre provocation. S’il n’a pas à se défendre, c’est lui qui attaque, et pour cela il n a pas besoin de prétexte. Pour nous, au milieu de ces sauvages dont nous ne connaissions ni les coutumes ni la langue, les temps étaiénf durs. Les ba-Nyaï qui vivent dans un état de nudité presque complète ont peu de besoins: un morceau de calicot, un collier de verroterie, comme ornements c’est tout ce qu’il leur faut. Mais lorsque le fond du panier de farine n’était que du son, que leur lait était trop bleu et que nous refusions d’acheter, c’étaient des querelles où plus d’une fois le coutelas brillait à nos yeux comme une nouveauté dans les fleurs de la rhétorique. ^ Et avec tout cela, quelle lâcheté ! Il suffisait que dans le lointain apparût 1 ombre d un de ces redoutables ma-Tébélé pour que de tous côtés l’on entendît le cri d’alarme. C’était alors une panique générale et chacun avec son menu bétail se sauvait et se cachait dans les antres de la montagne. C’était pour nous comme pour eux des alertes quotidiennes. Un jour la panique avait sa raison d’être. Une force armée de i 5o hommes, commandée par trois chefs, campait près de nous. Elle était envoyée par


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