les autres simplement par soumission au roi qui l’a interdit. Sindé possède un troupeau de vingt têtes de bétail, à peine, qu’il a reçues de Léwa- nika. N’importe ! L’hospitalité avant tout. Il nous en envoie deux, une pour moi, l’autre pour Liomba. Nous en acceptâmes une et renvoyâmes l’autre. « Le morouti est mon père, disait Liomba, nous mangeons ensemble, une seule bête nous suffit abondamment, s Sindé insiste, ne comprenant pas la délicatesse de ce refus. Nous insistons aussi. Alors le chef d’envoyer un petit garçon, un esclave, à Liomba, en cadeau. «: Tu ne veux pas de mon boeuf, accepte au moins cet esclave. » — « Merci, répondit Liomba, j ’ai des gens qui suffisent à mon service. Nous, croyants, nous avons appris que nous ne devons pas traiter des créatures de Dieu comme des bêtes de somme. Rends cet enfant à sa mère, et si tu veux absolument que j ’aie quelque chose de toi, un morceau d’étoffe me suffira et je serai reconnaissant. » Sindé lui envoya immédiatement la draperie d’indienne qu’il avait sur le dos. Elle était bien un peu défraîchie, beaucoup mûre, mais elle était, à ne pas s’y méprendre, le gage d’un coeur chaud et généreux. Le marais ne m’empêcha pas d’aller avec tout mon monde passer le dimanche à la capitale des ba-Lounda. Peu de chose, que cette capitale Sur la lisière de la forêt, un grand enclos carré fait d’herbe tressée avec goût et qui enferme son harem ; au dehors, une quinzaine de huttes éparpillées tout autour, c’est tout. Mais s’il y avait un missionnaire résidant avec lui dans un - endroit favorable, cela changerait. Nous nous assîmes à l’ombre d un arbre, le seul dans le village, et rabougri; on construisit à la hâte devant nous un abri de nattes pour le chef; les femmes du village et les hommes des environs qu’il avait rassemblés se groupèrent autour de nous, et je commençai. J’expliquai les commandements, en mettant quelques-uns en relief. Sindé ne pouvait s’empêcher de faire des remarques, et quelques-unes assez pittoresques. Il protesta du droit qu’il se reconnaissait de vie et de mort sur ses sujets, et contre ce que je disais de l’esclavage. Il devint sérieux pourtant et écouta avec déférence le témoignage plein de bon sens et de force de Liomba et de Taouira. LVII Chez le chef Mosoandounga Un dimanche à Sapouma Jusqu’au Loumbala. — A la capitale de Kakengé. — Accueil peu amical. — En danger. — Protection de Dieu. - i L ’Évangile est annoncé. — Conversion des bateliers. — Le fatal « demain ». Suite de la pré céd ente lettre. Le 21, nous amarrions nos canots au point le plus rapproché du village de Mosoandounga, un chef des ba-Loubalé, et de Nyakametsi, une cheffesse intelligente de la même tribu. Mosoandounga est le chef principal contre lequel les ba-Rotsi firent cette guerre si désastreuse d’il y a quatre ans. Il a fait sa soumission depuis lors, et sur les ordres de Léwanika, son suzerain, il est récemment venu se fixer là où il est. Je marchai huit heures pour aller le visiter chez lui (aller et retour, Cela va sans dire). Je tenais à le faire, et je crois que cela lui fit plaisir. Il ne m’en fit pas moins faire antichambre pendant plus d’une demi-heure pour sauvegarder les restes de sa dignité. Je m’amusais, pour passer le temps, à compter ses huttes : il y en avait en tout une demi-douzaine dont les toits enfumés perçaient à travers les broussailles, jiS- quand j ’entendis le son assourdissant d’un gros tambour porté par deux hommes. C’était Mosoandounga, escorté par une troupe de jeunes gens, qui s avançait vers nous. Il a de l’embonpoint ; en s’asseyant, son fauteuil pliant se rompit sous lui. Nous gardâmes notre gravité pourtant. Une fois la glace des salutations brisee, nous causâmes quelque temps, puis il rassembla les gens qu’il avait fait appeler des villages voisins et que la curiosité avait attirés en grand nombre, et nous leur parlâmes de Dieu et du Seigneur Jésus. Quand je leur dis de s’agenouiller pour la prière, il y eut bien une certaine hésitation chez les femmes, que la peur saisit. « Mais, leur cria Mosoandounga, nous mourrons seulement pour un moment, nous savons bien ce que c’est, nous avons vu comment on fait à Léalouyi. » Il était nuit quand nous rentrâmes au campement. Le lendemain, dans la matinée, des cris forcenés, une musique de clochettes accompagnée du son du tambour, retentissaient dans les bois et annonçaient de loin le chef Mosoandounga. Il parut bientôt, porté en hamac au pas de course et suivi d’une escorte nombreuse. II venait nous rendre notre visite s’entendre avec nous pour envoyer un exprès chez le grand chef Kakengé, le HAUT-ZAMBEZE. D69
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