qu’ils ont émigré dans ce pays en même temps que les ba-Rotsi ; ds viennent du nord-est, des rives de la Kafoué, dans le voisinage des ma-Nkoya et des ma-Choukouloumboué, où se trouve encore la plus grande partie de la tribu. Ce sont d’intrépides chasseurs d’hippopotames; ils sont passionnés pour cette vie aventureuse. Leurs petits canots, de deux à trois mètres de long, et juste assez larges pour s’y accroupir, sont un peu pour eux ce que le cheval est pour l’Arabe du désert. Il faut entendre leurs merveilleux récits, le soir au bivouac, quand tous les jeunes gens, les yeux fixes, la bouche béante, sont suspendus à leurs lèvres. Nous allons passer notre premier dimanche dans un de leurs villages, chez Noyô. Nous y rencontrons des ba-Rotsi en voyage; . des gens sont aussi venus des environs, de sorte que nous avons un bon auditoire. Je donne la parole à nos jeunes gens. L’un d’eux, un mo-Choukouloumboué, qui promet de devenir un Boanergès, terminait avec un accent d’émotion par ces paroles brûlantes : « Je tremble pour vous, vous êtes perdus, perdus comme je 1 étais moi-même. Convertissez-vous à Dieu, ou vous allez périr sans espoir. J ai peur pour vous, mes frères et mes soeurs de servitude, car Satan vous trompe en vous faisant croire que la bonne parole du salut n’est que pour nos maîtres. Je tremble pour vous aussi, mes seigneurs, moi qui ne suis, comme vous le dites, qu’un chien d’esclave, un rien. Vous, vous vous enflez, vous vous imaginez que vous entrerez au ciel parce que vous êtes grands. Sachez- le des esclaves, oui, de vos esclaves, vous ont déjà devancés, et si vous n y prenez qarde, vous trouverez la porte fermée. Oh! laissez-moi vous supplierp faites-vous petits, tout petits devant Dieu; jetez-vous à terre, dans la poussière ! Vous allez dire avec dédain : Pourquoi ce mochimané (un garçon) nous parle-t-il ainsi, à nous, ses maîtres? A-t-il perdu la tête? Oh! mes seigneurs! c’est que j’étais perdu, et Jésus m’a sauvé !» Je passai l’après-midi au village: un amas de misérables huttes d herbes nui n’ont jamais été crépies, sans parquet de terre battue, sans cours, et perdues au milieu des broussailles et des immondices. Les femmes et les enfants se sauvaient à mon approche. J’avais le coeur navré. Je m’assis au milieu d’un groupe d’hommes : — Savez-vous que le roi a fait un grand canal qui traverse toute la plaine, de Nangoko au fleuve ? Oui, nous aussi, nous étions là. Comment? Et pourquoi faire? Vous regardiez et admiriez sans doute ce roi qui creusait tout seul son canal et qui sera un jour un autre de vos dieux! Ils rient. — Le roi avait appelé toute la nation. Des milliers d hommes y travaillèrent des mois et des mois. L’année suivante de même. Et cependant il n’est pas fini, nous ne sommes pas arrivés aux deux lacs qui doivent alimenter, et à une époque de l’année, il se dessèche. Su rie Haut-Zambèze.
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