Mboho jouit d’une très grande autorité dans le pays. C est lui qui préside à tous les conseils de la nation, à la fondation de chaque capitale nouvelle. Rien ne se fait sans lui. C’est à lui que la Nalikouanda doit annuellement première visite. Et quand cette année, au heu de se conformer a 1 us g établi, Léwamka invitait ses missionnaires à faire une excursion avec lui dans la barque royale et dans une direction différente, ce n était pas une simple excursion de plaisir, c’était, dans son esprit et aux yeux de son peuple, une protestation signifiant que les vieilles coutumes natmnaies n^mne ks p sacrées, tombaient une à une en désuétude, pour donner droit de B i au besoin, m’en convaincre en questionnant les gardiens eux- mêmes de ce tombeau. * Expliquez-moi donc comment vous entendez sortir de ce tombeau les oracles que vous prétendez interpréter. » - « NoM n “ tendons rien, dirent-ils avec l’accent de la franchise, mais nous devons faire respecter les traditions et les coutumes du pays et B M M H B B du chef de la nation. » Liomba, dans un discours qu il leur fit, alla bien plus loin. Avec une hardiesse de langage qui m’étonna, il disait: « Et vous croyez que je vais encore aller prier au tombeau de Mboho? Pourquoi, du morne que moi, Liomba, j’ai mis pied à terre, n’avez-vous pas couru, vous, pour moi? C’est que, vous le savez bien, ce sont là pour nous, pour moi qui vous parle, les masures d’un vieux village déserté. t Quoi! vous, les gens du peuple, vous jetez vos morts dans les champs vous dites qu’en approcher, c’est s’attirer les plus grands malheurs . et puis vos rois, qui sont des hommes comme les autres, vous les ensevelissez au milieu du village! Eux qui priaient d’autres dieux, vous en faites des dieux à leur tour, qu’ils aient été bons ou mauvais! Eh bien, sachez-le, c e laient des hommes comme tous les autres, comme vous, comme moi. Ils sont morts ; leurs cadavres sont pourris, rongés des vers comme ceux de leurs esclaves; mais leurs âmes sont allées à leur Créateur et leur juge. » C’est à une réunion du soir qu’il parlait ainsi, réumon ou nos chants avaient attiré de i 5o à 160 personnes. Le lendemain, après un trajet de trois heures a travers champs, nous arrivâmes à Libonda. Ce village a sa tradition comme Katouramoa, fondé par la fille même de Mboho, Roanjikana, à titre de reine, Khosi éa B w B est attendu dans ces quartiers pour une de ses grandes chasses. D’aussi loin qu’on apercevait nos canots et mon ombrelle que c’était lui, et aussitôt les pauvres gens de nous crier de toute la K de leurs poumons la salutation royale ; et nos gens de s égosiller a leur tour pour les détromper. Il nous fallut donc subir ce sacrilège des honneurs royaux, quitte à rire ensuite de la mystification de ces pauvres gens, qui ne pouvaient s’empêcher d’en rire eux-mêmes. C’est Katoka, la soeur du roi, qui est cheffesse de Libonda. Elle n’y vit pas et n’y vient que rarement; elle y a néanmoins un établissement digne d’elle et fort bien entretenu. Après nous être installés dans sa vaste cour, nous visitons le village, comme à Katouramoa, de maison en maison. Nous arrivons ainsi chez un vénérable vieillard, presque aveugle, qui nous parle du bon vieux temps. Il avait connu Livingstone, montrait du doigt l’endroit où il avait campé et auquel son nom est resté altiché. Quand nous lui parlâmes du Sauveur, il prêta attentivement l’oreille, devint pensif et dit : « C’est bien ce que Ngaké disait aux ma-Kololo; mais les chefs n’en voulurent rien entendre. Et maintenant, où sont-ils? » La plupart des hommes sont dispersés pour diverses corvées. Ce qui n’empêcha pas que nous eûmes le soir une fort belle réunion, en majorité de femmes et d’enfants. Je remarquai avec étonnement l’entrain avec lequel tout le monde chantait le cantique que j ’avais à coeur de leur enseigner: « Bonang, sôna, ofihlilé! » — « Mais vous le savez! Qui donc vous l’a enseigné? s _ * G’est Rangouéta, crièrent plusieurs voix à la fois, et nous en connaissons d’autres encore ! » Ce Bangouéta est un enfant de treize ans à peu près, que son père, avait amené à l’école de Léalouyi. Il fut un des premiers à se déclarer pour le Seigneur; mais pas de ceux qui nous inspiraient le plus de confiance. Pendant les vacances, il tomba malade chez ses parents ; il refusa obstinément qu’on priât les dieux pour lui et qu’on se livrât à des pratiques païennes. « Envoyez chercher de la médecine chez le missionnaire, prions le Dieu qui est seul vrai et seul vivant, et je guérirai. » Et en effet, il guérit. Je tiens les détails de son père. Il a réussi, le cher enfant, à enseigner quelques cantiques à la jeunesse et aux femmes de Libonda, et celui-ci en était un. Avec quel entrain ces gens chantaient le refrain : 0 nom bien aimé, Qu’il est beau, chanté par les hommes, Le nom de Jésus ! Qu’il sera doux de le chanter là-haut, au séjour de la sainteté et de la gloire, quand nous verrons sa personne glorifiée et que nous comprendrons la profondeur, la hauteur, la largeur, oui, l’immensité de son amour ! Plusieurs de mes jeunes gens prirent la parole avec chaleur, mais avec tact. Le lendemain, à six heures, tout le monde accourait encore à nos chants, malgré le froid. Libonda est entouré de villages, c’est un centre tout désigné pour la sixième de nos stations... quand nous aurons l’homme. Le mercredi 9 mai, nous nous mîmes en route pour Lépakaé. Le trajet à travers les grandes herbes qui flottaient à peine et au milieu desquelles les
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