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LVI Un qrand projet. — En route pour le nord ! — Bons procédés du roi. — Katouramoa, l’ancienne capitale des ba-Rotsi. — A Libonda. — a Vous savez ce cantique ! » — Le village natal de Léwa- nika. — L’évangélisation au bivouac. — Chez les ma-Mboi. — Jette ton pain il la surface des eaux, et tu le retrouveras. — Paysages sans vie. — Les ba-Loubalé et les ba-Lounda. Hospitalité chez Sindé. — A la capitale des ba-Lounda. Depuis longtemps, je nourrissais le désir de visiter Katouramoa et Libonda. Seul sur une station, pris dans l’engrenage des devoirs de chaque jour, visant toujours au plus pressé, la chose ne m’avait pas encore été possible. Maintenant que les Adolphe Jalla sont ici, je suis un peu moins lié. Les pluies sont passées, l’hiver ne s’annonce encore que de loin, la plaine qui se dessèche porte encore les canots; le moment me paraît donc favorable. Je ne me remue pas facilement; aussi, une fois à Libonda, pourquoi ne pas pousser jusque dans « les régions d’au delà »? Je communiquai mes projets à Léwa- nika, qui me gronda amicalement de ne pas l’avoir fait plus tôt, ce qui ne l’empêcha pas de se mettre en quatre, comme l’on dit vulgairement, pour me faciliter ce voyage. Il insista tout d’abord pour que je prisse trois canots au lieu de deux, et je dois reconnaître que pour mes effets, nos provisions, les petits paquets de nos garçons et leurs nattes, ce n’était pas un de trop. Le mien ayant été détruit par l’éboulement d’une berge, le roi m’en procura un autre pour mon usage personnel. Mais ce canot, il nous avait trompés par de belles proportions. Mal taillé, mal lesté, dirions-nous, il n’avançait que couché sur le côté, si bien que les pagayeurs avaient de la peine a conserver leur équilibre, et, moi-même, essuyant chaque lame, bercé et sommeillant au grand soleil, j ’ai failli plus d’une fois rouler par-dessus bord. Les rameurs, comme toujours, à cette saison, se trouvèrent difficilement. Liomba et mon brave Sémonja se disputaient la charge de ma petite expédition. Liomba prit les devants et obtint sans peine la permission du roi. Mais je m’aperçus bientôt qu’elle allait faire boule de neige, cette petite expédition. Liomba, c’est le gendre du roi: il lui faut deux canots au moins; son ami Taouira, qui ne le quitte jamais, a le sien aussi; puis ce sont deux garçons de l’école, de parenté royale, qui brûlent d’envie de m’accompagner, et auxquels le roi ne sait rien refuser. Ce sont ensuite trois guides que, sur ordre de Léwamka, Liomba prendra en route, chacun avec sa pirogue, bien entendu et sa petite suite. De sorte qu’au lieu de deux ou trois canots, voilà une flottille de dix avec une quarantaine d’hommes. Cela me fait bien un peu peur, ce n est pas ce que je voulais. Je n’aurai pas à payer tout ce monde, cest vrai, mais .1 faudra le nourrir. Ce qui me console, c’est que parmi cette troupe nous avons une petite bande de dix de nos jeunes gens qui professent d’être convertis. Ils savent tous lire et tous chantent; deux" é l é l n t s l “ Ja grâce de Dieu je me propose d’utiliser. Léwamka avait profité de nos délais pour expédier des messagers à certains chefs du ba-Lounda et du ba-Loubalé pour leur annoncer ma visite II vint lui-même présider à notre départ, et, après nous être mutuellement re- 6 Z T à Vr , r 1 1 I Par°le de 83 grâce> nous P a ^ e s . C’était le M i M M bien un Peu ^ 1« défectuosité de mon canot, nous n avions pas fait deux kilomètres qu’il me faisait demander de rebrousser chemin pour le changer, mais, une fois parti, fêtais parti. a P aine, a cette saison, est une prairie flottante tout émaillée de fleurs- des nénuphars en rosaces avec leurs teintes délicates de bleu, de rose et de blanc; une espèce de convolvulus qui étale avec orgueil ses gros cornets M P H P 6t qU' ne leS ;“ 3e 3u’à regret au passage de nos canots. Mais elle est aussi entrecoupée de hautes herbes et de roseaux à travers lesquels il faut se frayer un passage. Au loin distingue-t-on un canot on mpresse de le héler. Ici et là, ce sont des villages, des hameaux plutôt clairsemés et comme perdus dans l’étendue. Nous ne passons pas un seul de ceux qui sont sur notre route; nous prenons le temps de causer un moment avec les gens, qui sont heureux de nous voir, et de leur chanter un cantique Le soir, nous sommes a Katouramoa. C’est une méchante bourgade dont les huttes sont amoncelées sur deux talus de sable parallèles et que sépare un marais en voie de dessèchement. Mais, vous le savez, c’est un des fieux sacrés du pays et un des principaux pèlerinages des ba-Rotsi. On n’y foule le sol qu avec respect, et les étrangers n’y parlent qu’à demi-voix Katouramoa était jadis la capitale de Mboho, le premier roi des ba-Rotsi- mais, située sur le rivage, elle a été ruinée, emportée par le courant et J depuis longtemps disparu. Lui-même n’est pas enterré là où l’on montre son tombeau. La légende raconte que le tombeau authentique, dont on ne connaît plus le heu, fut un jour trouvé ouvert et vide! Les ossements divina oires certifièrent sans contradiction aucune, que Mboho, une fois dans l’autre monde, avait eu la fantaisie de déménager; ils indiqué™* le fieu qu’il élu. C est là que, depuis ors, l’on va consulter les mânes, tout près du vil- lage qui a hérité du nom de l’ancienne capitale.


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