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qu’à Kazoungoula, où il a commencé, s’est aussi accentue à Sefoula. Le nombre de ceux qui y font profession est déjà de plus de quatre-vingts. Tout cela, sans doute, n’est pas de l’or pur ; mais il est certain qu’il y a de l’or. Les réunions nombreuses que nous avons eues pendant ces huit ou dix jours que j ’y ai passés m’en ont bien convaincu. Outre mes jeunes gens, qui y ont pris une part active, deux chrétiens de Léalouyi m’y avaient suivi. L’un, c’était Sémonja ou Sébého, — les ba-Rotsi ont toujours plusieurs noms, — un homme dans la force de l’âge : c’est un des principaux chefs de Léalouyi qui, désigné par Léwanika, m’accompagne dans mes voyages. Il j a longtemps, dit-il lui-même, que, sous l’influence de l’enseignement de l’Evangile, et avant d’avoir fait la moindre profession, il avait renvoyé deux de ses trois femmes. Je n’en avais rien su et, de fait, je le croyais monogame. Mais il y avait chez lui, avec une grande égalité d’humeur, des égards et une conduite prévoyante et respectueuse, un je ne sais quoi, indéfinissable, qui m’avait gagné et qui répandait sur nos voyages un charme dont je n’ai jamais parlé. Aussi, quand son coeur fut touché par la grâce, j ’en éprouvai plus de joie que de surprise. 11 n’y eut aucune secousse dans sa vie. En certaine occasion, il nous a affligés par son manque de courage. Mais il s’en est humilié. L’autre, c’est ce même jeune homme qui pleurait sur ses péchés et sanglotait à la -dernière réunion à laquelle ma chère femme ait assisté, ce qui 1 avait profondément impressionnée. Il s’était égaré depuis. Devenu un grand chef, il avait, tout jeune qu’il est, pris plusieurs femmes pour maintenir sa dignité, et, plus tard, au lieu de notre pauvre Ngouana-Ngombé, il était devenu le gendre du roi. Mais sa conscience ne lui avait jamais laissé de repos. Pendant un long voyage qu’il fit, elle se réveilla d’une manière irrésistible. A son retour, il trouva sa femme convertie. Il n’hésita plus. Il avait déjà renvoyé ses petites femmes; il se débarrassa d’une dernière à laquelle il tenait, et il se déclara franchement pour le Sauveur qu’il avait abandonné. Il unit à une rare douceur une grande force de caractère. La présence de ces deux chefs chrétiens a fait une grande impression ici. La journée d’hier, outre les réunions de prières qui l’ont ouverte et close, s’est partagée entre deux grandes réunions qui ont duré chacune près de trois heures. — La première, c’était une réunion générale. Les païens, malgré les sauterelles contre lesquelles les pauvres gens défendent désespérément leurs champs, étaient accourus de tous cotés. L église était pleine. Après que j ’eus introduit le sujet : « Lot fuyant de Sodome », je donnai la parole à mes jeunes gens et à ces deux chefs chrétiens. Un ton de grand respect et de sérieux caractérisa les allocutions de mes garçons, et ils se firent ecouter. Sémonja, lui, mo-Rotsi par excellence, parla avec conviction, avec calme et avec autorité. Je fus surpris de voir comme il captivait l’auditoire par son discours, long pour un mo-Rotsi. Mais Mokamba, lui, ne le captiva pas seulement, il l’entraîna. « On me demande pourquoi j ’abandonne ces mékhoa éa lèfèèla, ces coutumes vaines que nous avons apprises de nos pères? C’est que Christ nous en a délivrés au prix de son sang. On me demande pourquoi, il y . a quatre ans, je pleurais et sanglotais dans cette grande assemblée au lékhothla. Pourquoi?... Ah! c’est que la destruction de Sodome n’était pas pour moi une menace. Ma maison était en feu ! Et quand je me suis réveillé de mon sommeil de mort, ce n’est pas par la porte que je me suis précipité dehors; j ’ai fait, je ne sais comment, une trouée à travers la cloison, au risque d’être égratigné par les roseaux brisés. Mais une fois dehors, accroupi par terre et dépouillé de tout, réalisant le danger que j ’avais couru, je me pris à trembler, à pleurer d’émotion et de joie. J’étais sauvé I «Vous me dites que je retournerai au monde? Oui, si j ’abandonnais Jésus. Mais savez-vous? Le courant m’avait déjà emporté. J’allais être précipité dans l’abîme et périr (allusion au Mousi oa thounya, aux chutes Victoria). Je criai de désespoir. Jésus accourut avec son canot; il me saisit et me déposa sur le rivage. Et je me jetterais de nouveau dans les flots ! Dieu m’en garde ! » m - Suivirent de pressants appels, quelque chose de tout à fait nouveau pour moi au Zambèze. La deuxième réunion fut plus caractéristique encore. C’était exclusivement une réunion de professants qui, comme à Léalouyi, sont divisés en trois classes, selon leur âge, leur degré de connaissances et la satisfaction qu’ils nous donnent. Tous n’étaient pas là, et, cependant, ils étaient soixante-dix à peu près, dont une dizaine d’enfants, quelques jeunes filles et jeunes gens, des hommes et des femmes, — d’anciens ouvriers, de vieilles connaissances, gens autrefois si durs et si morts ! Après' quelques paroles d’introduction, je laissai la parole à qui voulut. Les hommes et les femmes s’en prévalurent, et avec une étonnante liberté. Une femme — une vraie femme de la Bible, car elle sait lire — racontait ses courses d’évangélisation : « Allons donc, lui disaient des païens, ce sont des balivernes que tu nous chantes là. — Vous qui vous dites croyants, avez-vous jamais vu le Dieu dont vous parlent les blancs? — Vous priez? Est-ce que c’est du ciel que vous tombe votre pain? » -^«Personne n’a jamais vu Dieu, répondait-elle; mais il s’est fait connaître à nous par son Fils Jésus. Et, vraiment, n’est^ce pas du ciel que vient notre pain ? D’où vient la rosée ? D’où la pluie qui fait croître nos blés? Et où, je vous prie, brille le soleil qui les fait mûrir? » Puis, fixant ses yeux sur Mokamba, elle l’interpella et lui demanda compte de son retour HAUT-ZAMBÈZE.


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