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Séfoula, 20 octobre. Parti de Séfoula au jour fixé, le jeudi 18, m’y voici de retour, quelque incroyable que cela me paraisse à moi-même. En effet, notre dernière réunion avait eu lieu. Nous nous étions, avec les chers amis Béguin et Ad. Jalla, mutuellement recommandés à Dieu et à la Parole de sa grâce ; nous avions chanté devant la maison notre cantique de pèlerinage, nous nous étions donné le baiser d’adieu et les dernières poignées de mains. Puis, au signal du départ, la voiture s’était mise en branle, elle labourait les sables, et la station s’était peu à peu dérobée à nos yeux dans le feuillage du bois. Nous n’en étions qu’à une demi-heure à peine, et j ’étais tout entier livré à moi-même et à mes pensées, quand un craquement se fit entendre et la voiture s’arrêta. Un rayon d’une des grandes roues s’était cassé et nous nous aperçûmes qu’il était complètement pourri. La peinture m’avait tout caché. Qu’aurais-je fait si pareil accident ne m’était arrivé que quelques jours plus tard, dans les marécages de Motondo ? Heureusement que nous étions encore près de la station. Nous y ramenâmes donc ma pauvre wagonnette mutilée, non sans peine, car dans l’éclaircie où nous étions, mes garçons, prétendus conducteurs, trouvèrent le moyen de la lancer contre un arbre et de briser le timon. Pendant que frère Ad. Jalla allait en toute hâte à Léalouyi recevoir les approvisionnements qu’amenaient les canots, M. Béguin, lui, très actif, très habile de ses mains et plein de bonne volonté, jeta 1 habit bas et se mit aux réparations. 11 les fit aussi vite et aussi bien que, dans les circonstances, pouvait le faire un homme qui n’est pas du métier. Un morceau de bois fut fiché à la place du rayon brisé, et un pieu vert grossièrement équarri au lieu du timon. La voiture, ainsi grosso modo rafistolée, pouvait de nouveau rouler. Mais jusqu’où? Un examen plus sérieux constata qu’elle était bien plus malade que je ne me l’étais d’abord imaginé. Je n’ai ni goût ni habileté pour le métier de charron, et de mes garçons zambéziens pas un seul ne sait manier un outil. Vouloir à toute force entreprendre un voyage pareil, de plus de trois cents lieues, dans ces conditions, avec une voiture vermoulue, pourrie, toute disloquée, c’eût été tenter Dieu, c’eût été une folie. Qu’elle vienne à s’effondrer dans les affreux bourbiers des marais ou dans les sables profonds du désert, loin de l’eau, loin de tout secours humain, que ferai-je? Après deux jours de luttes et de réflexions,'je dus reconnaître le doigt de Dieu dans toutes ces entraves et, une fois cette conviction acquise, je résolus de renoncer à mon voyage. Autant il m en avait coûté de consentir a un voyage au Lessouto et de maintenir ma résolution après la nouvelle du départ de mon meilleur ami, autant il m’en coûtait maintenant d’y renoncer G était un bouleversement si inattendu, si soudain, si complet de tous mes plans et de mes pensées que, si petite qu’eût été la possibilité de voyager c*aris ces conditions adverses, je n’aurais pas hésité. Là faute, et pour un vieux voyageur comme moi, une faute inexcusable, impardonnable, c est de ne m’être pas rendu compte à temps de l’état de ma wagonnette. La peinture, comme je l’ai déjà dit, ce couvre-misère,-— et il y en a dans ce pauvre monde ! S et le fait que j ’avais soigneusement conservé •ces roues sous abri, m’avaient trompé. Notre climat, le vent, le soleil et le sable détériorent tout; c’est désespérant! Un ami, ému à la pensée de nos pertes et de nos difficultés, m’avait bien donné le conseil de nous procurer des roues de fer; mais les roues seules ne suffisent pas, et encore faudrait-il qu elles fussent construites en vue de nos sables. D’autres nous avaient conseillé des chameaux... Où les prendre?... Un peu de sens commun et de prévoyance en temps opportun, et que de travail, de fatigues et d émotions je me fusse épargnées! Quoiqu’il en soit ie crois que tout cela n’aura pas été sans fruit, sans bénédiction tant pour nos gens que pour moi. Sur l’ordre de mon Maître, j ’étais tout prêt à partir J avais déjà sans murmure repris le bâton de pèlerin ; sur un signe de lui ie le pose avec soumission et je reste. A Dieu ne plaise que j ’hésite quand il m’envoie, ou que je coure quand il ne m’envoie pas! Un soldat ne discute pas les ordres de son chef, quelque étranges et contradictoires qu’ils lui paraissent. Je vais donc calmement rentrer à Léalouyi et me remettre sous le harnais. ■ H mT i par l’oeuvre et les travaux manuels tout à la fois et W. Mokalapa par une école grandissante et qui a déjà plus de cent M E H élèves ! I Gomrae J'e suis content, m’écrivait le cher Adolphe, de la décision que vous avez prise de rester et de ne pas vous aventurer dans le désert avec ce misérable wagon! Car, vu le mouvement actuel des esprits, i est important, pour ne pas dire plus, que vous ne vous absentiez pas, et je crois fermement que c’est Dieu qui vous a arrêté pour vous ramener ici. y> r * Ce mouvement, je vous en ai déjà parlé. Il se continue. Je venais de rebrousser chemin avec ma voiture invalidée, quand m’arrivèrent des lettres de dirfrLe9L JalkU H anteS n0uvelIes!dit frère L. Jalla, un de mes anciens garçons, Lik ouVkoéillaà,> qÎuNe Liit ida’ aauvtariets , me àrraveur E ^ T d o 3180^ 9 B ™ T ’ Pub% uement déclaré pour le Sau- dn f i T °f 3miS de k satisfaction et de la joie. Il nous en donnait déjà ici depuis plusieurs mois. j ,Et }"X'l ,C’e,st Litia Iul'même qui m’écrit, exprimant son repentir et son ardent désir de retourner à son Dieu. Je devinais le reste quand je reçus de


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