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L A MISSION A L B A LO U Y I . 5o g aussi a fait creuser pour relier au fleuve la capitale temporaire qu’elle va occuper pendant l’inondation. Mokouaé ne reste pas en arrière, et l’on dit à ■ Nalolo que son canal sera le plus large et le plus beau du pays, comme sa maison européenne en est aussi la plus grande. Le lendemain, la réunion eut lieu au lékhothla. Elle ne fut pas aussi nombreuse que je m’y attendais. Il est vrai que les femmes étaient cachées derrière une paroi de roseaux, et que nous, placés sous un hangar, nous ne pouvions pas voir même tous les hommes qui s’étaient accroupis n’importe où pour avoir un peu d’ombre. Les discours ne manquèrent pas ; dans l’espace d’une heure et demie, nous n’en eûmes pas moins de neuf ou même de dix, intercalés de quelques chants. Je ne dis rien de nos allocutions à nous, dont la portée était de présenter les serviteurs de Jésus-Christ comme des ambassadeurs auprès des gens de Nalolo, de manière à ce qu’on ne se méprît ni sur leur caractère, ni sur leur mission. Celui de Gambella, de Léalouyi, qui représentait le roi et parlait en son nom, avait un cachet de bon sens. Ceux de la reine, de son mari et des principaux chefs, tout en exprimant leur joie de posséder enfin le missionnaire qu’ils demandaient depuis si longtemps, trahissaient, relativement à 1 épineuse question de l’esclavage surtout, des préoccupations assez naturelles. L’après-midi j ’adressai encore à ces gens les appels et les avertissements que pouvait suggérer la perspective de mon départ. J’ai aPPns “ suite que Gambella avait fortement, mais secrètement, recommandé à la reme et à ses conseillers d’exercer une stricte surveillance, tant sur les ouvriers de M. Béguin que sur ses achats de nourriture. Pauvres ba-Rotsi! ils ne peuvent pas cacher leur faiblesse! C’est égal, nos amis Béguin ont devant eux une oeuvre belle et grande. Notre frère est jeune plein d’entrain et d’énergie; cela fait plaisir à voir et nous remplit d’espoir pour l’avenir, non seulement de la station qu’il fonde, mais de notre chère mission du Zambèze. Il a déjà bâti deux huttes un peu primitives comme prise de possession du site désigné. Étant donné le pays qui n’a rien de beau, la situation de la station ne le cède qu à Kazoungoula. Elle va s’élever sur un petit monticule qui domine la rivière à l’endroit où celle-ci fait une belle courbe et où se trouve le port de celte seconde capitale du royaume. De tous côtés la vue qui erre sur cette vaste plaine, que nous appelons la Vallée, n’est arrêtée que par l’horizon. Un palmier solitaire, à quelque distance de là, sert seul de jalon dans cet immense paysage. Mais attendez plus tard, l’Église s’élèvera comme un phare bén, dans le pays des ténèbres, et les chants de la jeunesse égaieront ces solitudes maintenant si sauvages et si mélancoliques. «Le désert fleurira comme la rose ! »


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