entourés.et les indigènes continuent à descendre de la montagne. » Nous nous tournâmes immédiatement vers Masonda qui dévorait un morceau de viande que nous lui avions donné, et, d’un ton amical, j ’essayai d obtenir de lui qu il se retirât. Bien que la nuit fût très obscure, nous pouvions discerner la ligne noire dont notre homme nous avait parlé. Ce chef nous obsédait de demandes, mais ne partait pas. Il voulait un chien, puis il en exigeait deux, puis il lui en fallait un de son choix, et que sais-je? Enfin, il prit une résolution subite et partit. '« Je reviendrai demain, » dit-il avec emphase. Le lendemain matin au lever du soleil, quand nos voitures se mirent en mouvement, ce fut le signal d’un grand tumulte sur les collines avoisinantes. Des foules d ’ h o m m e s aymés jusqu’aux dents se précipitaient vers nos voitures en poussant des cris féroces. Ayant fait ranger les wagons les uns à côté des autres et fait rentrer les femmes et les enfants, je me rendis auprès du chef qui tremblait de colère. — «De la poudre, des capsules, un fusil!» criait-il. Je finis par lui faire accepter un boeuf à la place de celui qu’il nous avait donné ; il voulut le choisir lui-même, et ce ne fut que le cinquième que nous sortîmes du joug qu’il accepta. Après cela, fendant la foule, je fis passer les voitures. « Que Masonda dorme d’un bon sommeil, » criaient quelques-uns de nos gens qui espéraient être délivrés des griffes du lion. Je n’en dis pas autant, moi. Une foule de gens armés continuaient à se presser autour de nos wagons d’une manière fort peu rassurante. Nous avancions avec difficulté, lorsque tout à coup ma voiture s’enfonça dans le lit fangeux d’un ruisseau. Tous nos efforts pour l’en retirer furent vains. Je fis passer les autres wagons et dételer à un jet de pierre. Pendant que nous travaillions à dégager la voiture, ma femme et ma nièce s’assirent pour coudre, à l’ombre d’un arbre. Un cercle toujours grossissant se forma bientôt autour d’elles. Un indigène, se tenant debout derrière l’arbre, se mit à ricaner tout en brandissant sa hache à quelques pouces au-dessus de la tête de ma femme. Il était temps de dire à ces gens-là de se retirer, mais le jeune homme, qui se donnait des airs d’importance, me répondit avec tant d’impertinence que nos dames comprirent et leur cédèrent immédiatement la place. u E n attendant, l’agitation allait croissant autour de nous. La vallée regor- geait de gens et retentissait de cris sauvages. C’était Masonda qui revenait. Il s’ensuivit une scène que je ne me sens pas capable de décrire. Masonda, debout sur un rocher, écumant de rage, disposait ses troupes pour nous cerner, faisait enlever nos boeufs et me dictait ses conditions. « Tant de sacs de poudre, tant de capsules, tant de couvertures, tant de fusils, etc., ei .ous passerez! » J’eus grand’peine à. contenir nos gens qui déjà couraient à leurs fusils. « Puisqu’il le faut, disaient-ils, nous mourrons pour nos femmes et pour nos enfants, mais nous mourrons en hommes / » — « En hommes, oui,
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