du Christ?... Rien ne pourra jamais nous séparer de l’amour de Dieu qu’il nous a montré en Jésus-Christ notre Seigneur! » ... Une poste était arrivée pendant notre visite aux chutes Victoria. Elle nous apportait la nouvelle du départ de Mabille pour le ciel.... Quelles paroles pourraient exprimer ma douleur? — Rien ne m’avait préparé à ce départ; ses dernières lettres étaient plus chaleureuses que jamais; dans notre correspondance, nous revivions irrésistiblement les années d’autrefois. Mais il parlait peu de sa personne; je ne le savais pas sérieusement malade — et je m’abandonnais au plus doux des rêves, celui de passer encore quelques jours sur la terre dans son intimité. Et cette perspective me soutenait et me donnait du courage pour faire face aux émotions qui m’attendent au Lessouto. Hélas ! il n’y était déjà plus ! Cette belle famille sans son chef! Morija sans Mabille! le Lessouto sans lui! c’est dur à réaliser. « Un prince, un grand homme est tombé aujourd’hui en Israël ! » Où ne portera-t-on pas son deuil ! Sa dévorante activité a consumé prématurément ses forces. Personne de ma connaissance n a si bien compris et si bien réahsé le précepte qu’il faut travailler pendant qu’il fait jour, que le temps est court... Pour lui, vivre, c’était travailler, travailler pour ce Maître qu’il a tant aimé. Quelle grâce Dieu lui a faite! C’est du champ de bataille, revêtu de son armure et tout couvert encore de la poussière du combat, qu’il l’a appelé aux palais de gloire en la présence même de son Roi. En le voyant nous échapper et disparaître dans le monde invisible, n’éprouvons nous pas quelque chose des sentiments qui poussaient Elisée à s’écrier : -« Mon père! mon père! le chariot d’Israël et sa cavalerie! » Parmi nous, c’était un Élie, un homme de Dieu; comme Moïse il était puissant en paroles et en oeuvres. Dieu l’avait immensément doué, mais tous ces dons, sanctifiés par la grâce et imprégnés de cet enthousiasme qu’il avait pour Jésus, il les faisait admirablement valoir. Son influence a été immense, et partout elle a été en bénédiction au loin comme auprès. A lui seul, il était une force; c’était un de ces vaillants de David qui valent une armée à eux seuls. Vous savez ce qu’il était pour la mission du Zambèze. Vous savez ce qu’il a été pour moi pendant trente-huit ans de la plus intime amitié. Pour moi, pour la mission à laquelle j ’ai donné ma vie, il a toujours été le. même, dans la bonne et la mauvaise fortune. Et plus d’une fois sa prière, ses messages d’affection, son inébranlable confiance, nous ont soutenus, encouragés, réjouis, quant tout et tous semblaient être contre nous. La mission du Zambèze était son oeuvre comme la mienne. 11 s’y serait donné lui-même s’il avait été libre de le faire. Il nous a du moins donné de ses évangélistes et attiré l’intérêt de son église. Quand nous fîmes nos adieux à Morija, il me dit avant d’entrer à l’église : « Parle, que Dieu inspire et dirige tes appels. Sache-le d’avance, je te donne les meilleurs de mes gens les meilleurs de mes évangélistes, s’ils y répondent, et cela, sans réserve’ sans restriction. » Et quand Léfi se leva, un des hommes marquants de Monja, il me dit : « Tu le vois, Dieu a exaucé nos prières. Nous avions grand besoin de Léfi, je ne sais pas comment nous le remplacerons, mais il partira. » Et il est parti. Tout le monde pourra parler de l’activité de Mabille; ceux qui l’ont intimement connu et pendant de longues années sont surtout frappés de la profondeur de sa vie chrétienne et de l’oeuvre admirable de la grâce de Dieu en lui. C’était un homme de prière et de foi; sans phrase, tout d’action, un homme vrai, un ami d’une fidélité à toute épreuve. ^ Mais pourquoi vous confier ainsi le trop-plein de mon coeur? Je le pleure l’âme angoissée, comme David pleurait Jonathan. On s’habitue presque à croire que des hommes comme lui sont indispensables et par conséquent immortels, Dieu confond nos notions et notre sagesse. S’il daigne se servir de nous et glorifier sa puissance dans notre faiblesse, il se glorifie aussi en nous mettant de côté et en nous montrant que dans son oeuvre, quelle qu’elle soit, nous ne sommes pas indispensables. Inclinons-nous, mettons la main sur la bouche, c’est lui qui l’a fait. Non, nous ne pleurerons pas celui qui a fini sa course, combattu le bon combat, gardé la foi et qui va recevoir la couronne de vie. Mais nous demandons involontairement pourquoi lui et non pas nous, non pas moi? Nos préoccupations se portent sur l’oeuvre... Nous voyons son manteau... ses armes, et nous nous demandons en soupirant : Qui les ramassera? Mais le Maître lé sait. Il ne se trompe jamais. I l fa it toutes choses bien.
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