prendre, autant que par le cérémonial dont s’entoure Sindé, c est un chef puissant ; seul de tous ceux que j’ai t u s ici, il fit son entrée dans la capitale, presque à l’égal de Lévranika lui-même, avec tambours, sénmbas et un nombreux cortège : ses musiciens jouaient tous les jours pour Lew a ni ha, et au lékhoihla une place d’honneur lui était réservée. Voilà donc un champ important qui s’ouvre devant nous, et ce n’est pas le seul. Je ne vous ai pas parlé de Mosoadoungou, un des principaux chefs du ba-Loubalé; de Nyakamétsi, une eheffesse de ces mêmes tribus infortunées qui sont venues faire leur soumission à Lévranika : ni de plusieurs autres qui viennent des marécages du Lvnvanti, des régions du Kabombo et d’ailleurs; rien non plus de cette population flottante qu’on trouve presque toujours autour de Léalouyi, des chefs qui s’y succèdent avec leurs suites plus ou moins nombreuses de tous les coins du pays; des tribus lointaines qui viennent annuellement apporter leur tribut. Vous le voyez, Léalouyi est une chaire d’où une puissante voix peut faire retentir l’Évangile au sein d’un auditoire d’un grand nombre de tribus, et par elles jusqu’aux coins les plus reculés de la contrée. C’est à lui seul un vaste champ d’évangélisation qui réclame tout le temps et les forces d un homme dévoué, rempli du feu sacre. C’est là aussi que nous voyons bien des portes nouvelles s’ouvrir devant nous. Hélas ! à peine capables de nous maintenir là où nous avons pris pied, nous ne sommes pas à même d’y entrer. Aurons- nous la douleur de les voir se fermer et nous-mêmes condamnés à la paralyse? Dieu nous soit en aide 1 » p . S . J’espère que vous ne perdrez pas de vue l’appel que nous faisons pour deux médecins-missionnaires. Comment se fait-il que, parmi les jeunes gens chrétiens qui ont choisi cette profession, il n’en est pas un seul qui se soit offert pour le Zambèze? Est-ce parce que le climat est si malsain, est-ce parce que nous sommes si souvent malades, que pas un seul médecin n’a encore entendu l’appel de Dieu? Souvenez-vous, en outre, qu’2 nous faut pour Séfoula un ingénieur, un homme spécial qui puisse diriger les travaux... Les amis Béguin — un renfort qui renforce, celui-là — partent pour la Vallée avec les Ad. Jalla. Je leur cède deux des bateaux que j’avais pris pour moi. WaddeH doit partir pour consulter un médecin et voir sa mère. Voilà plus de six mois que le pauvre homme est martyr de rhumatismes. 11 descendra avec moi, et nous partirons, D. V., dès qu’2 aura fait les réparations nécessaires à la wagonnette. Le 17 juillet, mes frères et leurs compagnes ont voulu célébrer mon soixantième anniversaire. Rassemblés à 4 heures et demie du matin dans une chambre voisine, ils m’ont chanté : t Oui, je bénirai Dieu tout le temps de ma vie ! » C’est bien là la note : la louange. Ils croyaient me réveiller par ces doux accents ; j ’en étais profondément ému. Je suis allé vers eux, et ensemble nous avons épanché nos coeurs devant Dieu. J’ai eu de la peine à réaliser le fait que j ’ai déjà soixante ans. Frère Jousse disait qu’après soixante ans, un missionnaire ne vaut plus rien. Je me sens pourtant encore jeune de coeur. Tout de même, il y a du vrai dans cette assertion, et moi aussi je prends petit à petit le chemin des vieux papiers. Le 6 août 1894. Pendant que nos amis Béguin et Ad. Jalla, pressés d’arriver à la Vallée, se dirigeaient vers Séchéké, que notre courrier expédié un peu à la hâte cheminait vers Palapchoué, nous partions, M. Louis Jalla et moi — lui, l’aimable frère, dans l’unique but de m’accompagner B - et nous allions visiter les grandes chutes Victoria en attendant l’amvée de Litia pour avoir ses canots. Je ne les avais pas vues depuis seize ans, ces cataractes. Charmante et douce récréation que ce petit trajet de dix jours, sans tracas, sans aventures sérieuses. Mal chaussé, c est vrai, et un peu moins allègre que mon robuste compagnon de voyage, j ’en suis revenu perclus des deux pieds, moitié me tramant, moitié porté en chaise sur les épaules vigoureuses de quatre Zam- béziens. Mais cet incident, que j ’aurais pu prévoir, ne peut pas avoir de conséquences sérieuses et de cette excursion il ne nous restera que de beaux souvenirs et de précieuses leçons. On gagne à voir dans l’intimité un ami tel que Louis Jalla, chez qui une grande amabilité et une bonne humeur inépuisable s’allient à une énergie infatigable. Et que dire du spectacle grandiose, sublime, terrifiant qu’offre ce fleuve en démence se précipitant dans ces gouffres obscurs et sans fond ! Si l’homme, pauvre vermisseau, se sent écrasé par la majesté de la puissance infinie de son Créateur, le chrétien, lui, s’émeut au témoignage intérieur de l’Esprit que ce créateur est son Père, et que cette puissance infinie est au service de son amour immense, infini aussi. 11 se relève de la poussière comme un citoyen du royaume de Dieu, un prince du ciel, avec une couronne de joie sur la tête. Que craindrait-il ? Que lui ferait l’homme ? Son Père est le Tout-Puissant et il l’aime infiniment ! Qu’il chante donc le nouveau cantique, le cantique de David : « Louange à l’Etemel, car il est grand et sa bonté demeure à toujours !» — et le cantique de saint Paul : t Qui donc nous séparera de l’amour
27f 90-2
To see the actual publication please follow the link above