travaillent, qui souffrent et qui luttent en silence. Nous les ignorons, mais Dieu les connaît. Je crois que notre soeur est de ce nombre. Je suis en pleine sympathie avec ces frères dans leur grande entreprise. Je me suis dès le commencement uni à eux de coeur et de prière, vous le savez, et je les suis avec toute l’affection dont je suis capable... L’oeuvre du Maître est partout la nôtre ; la bataille engagée contre l’ennemi commun est la sienne, quelles que soient les couleurs du drapeau sous lesquelles nos frères combattent. Je vous ai déjà parlé des ma-Tébélé, et des alertes et des paniques qu’ils nous ont causées. Il y a longtemps, hélas ! qu’ils ont été le fléau des nations, et ce n’est pas sans raison que leur nom seul était la terreur de ces parages. Quel mystère que la longanimité du Seigneur! Mais ces tigres humains avaient rempli la coupe de leurs iniquités, elle débordait; le sang innocent, des femmes et des petits enfants criait à l’Eternel, — le jugement est venu enfin1. Gomme nation, les ma-Tébélé ont cessé d’exister. Pour nous, j ’entends pour les ba-Rotsi, la fin des ma-Tébélé, c’est la paix et la sécurité, en tant qu’il s’agit du dehors. Il est probable que Léwanika pourra exécuter les plans qu’il avait conçus de fonder des villages sur la rive du fleuve, jusqu’à son confluent avec la Kafoué. Déjà plusieurs chefs sont désignés pour ces divers postes ; seulement, nous l’avons bien vu, les ba-Rotsi n’ont pas plus de patriotisme et de bravoure qu’il n’en faut. Ce qui est plus sûr, et qui affecte plus directement notre chère mission, c’est que Litia, le fils du roi, va bientôt être installé à Kazoungoula même comme chef de toute la province de Séchéké et du pays des ba-Toka. Une fois investi d’un si grand pouvoir, que deviendra- t-il, ce jeune homme? Sera-t-il un aide ou une écharde pour frère L. Jalla? J’ai quelque espoir qu’il reviendra à Dieu, et alors tout sera bien. Il ne saurait être en meilleures conditions et sous de meilleures influences qu’à Kazoungoula... L’inondation! Tous les ans nos ba-Rotsi se désolent de ce qu’elle n’est plus ce qu’elle était dans les bons vieux temps, quand ils pouvaient organiser leurs chasses nationales, c’est-à-dire le carnage en gros des antilopes, qu’ils cernaient sur les îlots de la plaine submergée. Cette année, ils ont été ample- H Extrait d’une lettre de M. L. Jalla, 21 septembre 1893 : Les ma-Tébélé employèrent toute la journée à massacrer les uns et à faire le plus possible de prisonniers qu’ils garrottaient immédiatement. Puis ils campèrent pour la nuit au bord du Nguézi. C’est là qu’eut lieu une boucherie épouvantable : tous les prisonniers furent égorgés sans exception ; et les détails que donnèrent de cette soirée quelques témoins oculaires laissés pour morts, et ranimés par l’air frais de la nuit, font frémir. Des hommes furent suspendus par les pieds aux arbres, et laissés ainsi avec des sagaies dans le corps; d’autres, attachés à un tronc d’arbre, semblaient avoir été brûlés ainsi à petit feu, à en juger par leurs mains crispées et noircies; d’autres étaient abandonnés après avoir eu les entrailles mises à découvert. Une quantité d’enfants furent attachés par les pieds à une longue perche horizontale sous laquelle l’ennemi alluma du feu pour mieux jouir des cris de ces petits martyrs! ment compensés, car de mémoire d’homme, disent-ils, on n’a vu inondation pareille. G est curieux de voir des toits émerger des eaux, des canots cinglant sur les eaux au beau milieu de la capitale, et une troupe de bétail siégeant gravement au lékhothla. Je me demande si c’est le gnou apprivoisé de Léwa- mka qui préside cet étrange parlement! Pauvres bêtes! elles en ont assez de 1 inondation. Et les gens aussi, malgré tous ses charmes et tous ses bienfaits. Ce sera un miracle de la bonté de Dieu, si la mortalité n’est pas plus grande. Ces ba-Rotsi sont de vrais amphibies, ils ne sont heureux que dans l’eau ou dans la boue. Us y vivent, ils y couchent quand ils pourraient l’éviter. Quelques poignées d’herbe en guise de tapis, une ou deux bûches pour matelas et voilà une installation parfaite. Les goûts, pas plus que le sens du beau ne se discutent; chacun a le droit d’avoir les siens. Un jour que je conduisais Léwanika dans mon petit jardin, et que je lui montrais de jeunes euca- yptus qui font mon orgueil, il s’arrêta devant l’église et, plongeant un long regard dans Immensité de la plaine qui se couvrait d’eau, il s’écria après un long silence: « Qu’elle est donc belle! pas un arbre! pas un! » Que dirait-il aujourd’hui? A moi, ce panorama frappé de stérilité et de mort me donne le spleen. U y a dix ans, quand, après la révolution, je visitai la capitale, et gue Mataha me conduisit sur la colline de Mongou que Livingstone avait cholie comme site d une station qu’il ne devait jamais fonder, je blessai au vif mon mentor parce que j ’eus le malheur de lui dire que je L partageais pas du tout son enthousiasme pour cette plaine inondée. J’ai voulu y retourner 1 autre jour en faisant en canot une course d’évangélisation. Quelle désolation ! Je 1 oubliai en m asseyant sous un arbre solitaire, et en prêchant Jésus à quelques pauvres natifs que je rencontrai. Autrefois rien n’était plus triste que'la des di^antsneUSe 7 brûlée Par 1(‘ soleil. Aujourd’hui on y trouve Oud\Îà’f , r SS!mt Kal1f ° nJ0’ je T iUS Vi8iter le 9rand viUa9e de Mokoko. et mnfnnd £ ét°nnement de me trouver P W * dans un canal large profond! Léwanika nous en avait bien parlé, mais comme d’une chose peu importante Et cependant, quand ü sera achevé - il l’est presque, _ il draiÜ , r -de H H de Nan9° k°’ la E B temporaire, jusqu’à Séfoula, plus de vingt kdomètres, et portera ses eaux dans notre c a i l Ce qu d y a de plus beau, c’est l’énorme quantité de terrain arable recouvré ainsi par ce drainage. Voilà donc notre canal n- 3. Et dites-moi qu’il n’y a rien a faire avec des gens si industrieux et si imitateurs ! A l’entrée d’un étang, nous voulûmes tourner le canot, et, pour prendre ISSi 3 SMÜ G de m6S 9arÇ°nS SaUtèrent de détresse, et ils s enfoncèrent jusqu’au cou : un mSuorm uenn t Pe«ndcto rLe .e t Uilns
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