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entrain. Les blanches finies, je leur offris un peu timidement mes bleues : a Les bleues aussi sont des perles, » me répondirent-elles à mon grand étonnement. Et le travail continua. Aux yeux de Dieu rien n’est petit qui concerne ses enfants. Malheureusement, nous étions en pleine saison de pluies; l’inondation rétrécissait tous les jours plus son cercle autour de ma termitière, et l’emplacement de la maison, maintenant excavé, était un étang. Léwanika s’en émut et, de son propre mouvement, il renonça à un travail analogue qu’il avait entrepris pour lui-même, afin de laisser femmes et filles venir toutes travailler chez moi. Tous les jours j ’en avais une centaine en moyenne ; je les divisais par bandes à la tête desquelles je mettais mes ouvriers. Toutes ces bandes allaient, venaient, se croisant, battant avec des roseaux sur leurs écuelles de bois la cadence de leurs chants. Mais l’eau montait toujours et montait rapidement. Elle envahissait tout ; elle jaillissait à chaque coup de pioche, et c’est poignée par poignée que nous lui disputions le sable et la terre. Enfin, un beau matin, elle avait tout envahi, tout couvert, et notre termitière n’était plus qu’un petit îlot. Force me fut de congédier ma foule d’ouvrières. Elles le regrettèrent, et moi aussi. Mais non seulement j ’avais complété les assises de ma maison, mais j avais même fait ample provision de terre pour la crépir et la plâtrer. Sur une photographie que j ’ai prise, on en distingue les tas qui ne permettent de voir que les toits de mes huttes. Encore un détail, si vous le permettez, sur nos occupations et nos préoccupations. Une de nos grandes difficultés ici, à Léalouyi, et des plus graves au point de vue de-la santé, c’est le manque absolu d’eau potable. Quand la plaine se dessèche, les dépressions du terrain et les trous forment des mares et des étangs qui résistent plus ou moins longtemps à l’action de notre soleil de feu. Les eaux épaisses, boueuses, verdâtres et infectes, sont vivantes de grenouilles qui coassent toute la nuit,- et, à une certaine étape de leur existence, font invasion dans nos maisons, partout, et deviennent une vraie plaie Egypte. Il y pullule aussi une infinité d’animalcules qui ne s’observent que trop bien à l’oeil nu sans le secours du microscope. Tel est aussi le canal du roi qui ne coule plus. C’est là que femmes, hommes et enfants, tous indistinctement et sans pudeur aucune, vont se baigner. Je les ai maintes et maintes ois vus de mes yeux y laver leurs varioleux. C’est là aussi, le croirait-on, que les esclaves puisent leur eau et celle de leurs maîtres 1 Vous en êtes horrifié; vous voulez, à force d’arguments, leur faire toucher du doigt une des causes des maladies horribles qui affligent ces populations et qui sont inconnues au sud? Ils vous écoutent d’un air hébété et moqueur; et, leur cruche sur la tête et le corps tout ruisselant de leurs ablutions, ils courent conter l’histoire au village et rire de votre simplicité.


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