Le mont Bohoa. — Le chef Nyamonto. — Chez Masonda. ¡5 Tumulte. — Position critique. Une ambassade à Lobengoula. Nyanikoé, 17 septembre 1877. Depuis près de quinze jours, nous sommes, grâce à Dieu, dans le pays des ba-Nyaï qu’on appelle ici le Bombé, et nous avons planté nos tentes près de la résidence du chef Maliankobé. Nous avons traversé le Bubyé à sa jonction avec le Mokokoé, une rivière dont le lit est assez large, mais se trouvait alors desséché. Cette partie de notre voyage devint extrêmement laborieuse et fatigante. Après nous être péniblement frayé une route à travers une steppe couverte de broussailles et de hautes herbes, nous nous trouvâmes dans une immense forêt, si épaisse que, malgré le courage avec lequel nous ouvrions le chemin à coups de hache, nous ne pouvions avancer que fort lentement. Nous fûmes près de deux jours sans trouver d’eau, mais un ciel nuageux vint nous voiler l’ardeur des rayons du soleil, et, quand la dernière goutte d’eau de nos tonnelets fut épuisée, nous arrivâmes, sans nous y attendre, près d’un étang. Notre point de mire était la montagne Bohoa. Je n’oublierai pas le coup d’oeil qui s’offrit à nos regards le jour que nous gravîmes/ pour la découvrir, les premières collines que nous rencontrâmes. Du sein de cette immense forêt où nous cheminions comme des taupes, surgissaient devant nous des, coteaux boisés, des montagnes de roches nues où pourtant des arbres se cramponnaient et luttaient pour leur existence. Nous dirigeant toujours vers le nord, nous arrivâmes enfin au Nguanetsi, au confluent de ses deux branches. Nous errâmes deux jours avant de pouvoir trouver un endroit guéable parmi les énormes roches qui encombrent le lit de cette rivière. Et encore ce ne fut qu’en comblant les interstices de ces blocs au moyen de troncs d’arbres et de pierres, et en couvrant de sable un banc de roche très glissant, que nous pûmes faire traverser nos voitures. C’est près de là aussi que nous rencontrâmes le premier mo-Nyaï. C’était un homme d’âge mûr. A notre vue, il prit la fuite, mais, nous voyant à ses trousses, il s’assit par terre, nous salua en essayant de sourire, tout en étreignant son arc et ses flèches. Des paroles amicales et un morceau de viande le rassurèrent. Il nous donna quelques renseignements et nous montra tout près un. piège à bêtes fauves, une fosse profonde garnie au fond de pieux aigus et légèrement recouverte d’herbe. Nous frissonnâmes à la pensée du terrible accident qui eût pu nous arriver si Dieu ne nous avait fait rencontrer cet indigène. Le lendemain matin, on secouait le sac de farine pour le déjeuner de nos gens. Mais Celui qui envoya les corbeaux au torrent de Kérith pour y nourrir son prophète, ne pouvait nous oublier. Le même jour en effet, dans cette forêt jusqu’alors si solitaire, nous aperçûmes des figures noires qui se cachaient derrière les arbres, jetaient sur nous des regards furtifs et puis disparaissaient comme des ombres. D’autres individus, s’enhardissant, s’approchèrent peu à peu de nous, et, avant le soir ils nous apportèrent de la farine, des pois, des pistaches, du riz, etc. Depuis ce moment, nos wagons furent assiégés de natifs venant de près et de loin, qui nous escortaient le jour, et bivouaquaient à nos côtés, la nuit pour satisfaire leur curiosité. La nouvelle de notre arrivée s’était répandue paraît-il, dans les forêts et les montagnes avec la rapidité de l’éclair, et on racontait sur nos lourdes machines blanches, nos voitures, les plus étranues histoires. a Entre le Nguanetsi et la montagne de Bohoa, nous arrivâmes près du villaqe d un petit chef du nom de Nyamonto. Comme tous les habitants de cette contrée, il réside sur une montagne escarpée jonchée d’une avalanche de rochers • c est sur ces sommités qu’on aperçoit les huttes des vülages perchés là comme’ des aires d’aigles. Notre arrivée fut saluée de loin par les cris de toute la population. Après avoir échangé quelques messages avec ce chef, je qravis sa montagne, accompagné d’Asser. Jamais je n’aurais cru que des êtres humains pussent habiter un endroit pareil. Il me semblait presque dangereux, même pour des singes. Mais la terreur que les ma-Tébélé inspirent à ces pauvres gens lait quils ne se sentent en sûreté que dans ces endroits inaccessibles. elon étiquette du pays, j ’offris au vieux chef, qui me paraissait de mauvaise humeur, un présent d’étoffe. « C ’est bon pour un enfant, » me dit-il, « ce n’est pas digne de Nyamonto.» Et il nous quitta brusquement pour en conférer avec son conseil. Puis, me faisant appeler, il m’offrit avec beaucoup de cérémonie une petite défense d’éléphant. «Les yeux de Nyamonto», me dit-il « ont vu 1 homme de Dieu, mais toi lu n’as pas vu Nyamonto. » - « Naturel- ement. » répondis-je, « puisque Nyamonto ne m’a pas encore visité à mon (1,;?0n' 9 ur ce> H chef> appelant ses hommes et prenant son arc et ses c es, donna le signal du départ’. Il descendait glissant, sautant sur les rochers de manière à me donner le vertige. Je lui fis hommage d’une couverture H H H 61 ri T e SliI!Umina’ * M“ ntenant, » dit-il, « tes yeux ont vu r v i • i l H l procéda a l’inspection de nos voitures, de nos bêtes, etc. éta,ent des claquements de mains, des cris de surprise très amusants. Ma HAUT-ZAMBEZE.
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