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C’est égal, le travail avance petit à petit, et je me berce de l’espoir qu’il sera fini avant l’inondation. Nul qui ne l’a pas vu ne peut se faire d’idée du travail accompli, et jamais nous n’aurions pu l’entreprendre sans la scierie de nos amis d’Ecosse. Outre le travail préparatoire qui s’est fait à Séfoula, à la forêt et à la scierie pendant toute une année, sans compter tout le chaume, le roseau que j ’ai pu acheter rendus sur la station, sans comptêr non plus les centaines de femmes et d’enfants qui, pendant des mois entiers, ont bien fait leur part du travail, nous avons employé à cette date plus de deux cent cinquante ouvriers hommes, un mois chacun, revenant en moyenne à 12 fr. 5o c. ou i 5 fr. par mois, nourriture et gages compris. La somme de 7,5oo fr., qu’une amie avait consacrée spécialement à la construction d’une maison d’habitation, avait déjà en partie été employée à l’achat de matériaux et de fournitures, clous, vis, peinture, vitres, etc. Le reste couvrira les frais de l’église et de toute la station. C’est pour moi une grande satisfaction. M. Waddell va donc partir pour l’Ecosse. Ce congé, il l’a bien gagné. Tout dévoué qu’il nous a été personnellement, à ma chère femme et à moi, c’est la mission qu’il a servie,^c’est pour elle qu’il a usé ses forces. Les aides-missionnaires de cette trempe-là, nous les avons eus, les Gosselin et les Maeder; mais ils sont rares. C’est que pour occuper joyeusement cette humble place dans le champ missionnaire et y glorifier Dieu, il faut une mesure plus qu’ordinaire de grâce. C’est le commentaire vivant de cette belle parole : « N’aspirez pas aux choses élevées ! » Voilà la situation actuelle. Il n’y a rien de saillant, rien de brillant, rien que vous ne sachiez peut-être déjà; hélas! pas de conversions, pas encore de retour des égarés qui font ma douleur. Cependant le ciel s’est éclairci, les nuages se sont dissipés, pour un temps du moins. Bénissons et espérons! Un mot encore. Vous savez ma maladie et tous les soins affectueux dont mes amis de Séfoula m’ont entouré. Je dirai avec Daniel: « Je fus plusieurs jours malade et languissant, puis je me levai et je m’occupai des affaires du Roi. » Dieu ne m’a pas dit comme à Ézéchias combien de jours il ajoutait à mes ans, et les pressentiments ne sont pas toujours une inspiration divine. Cependant je suis profondément saisi de la pensée que le temps est court. Je souffre du. peu que j ’ai fait, du peu que nous avons fait et de tout ce qu’il reste à faire. Quand je parcours le champ missionnaire et que de tous côtés j’entends les chants joyeux des moissonneurs, je me demande avec tristesse pourquoi nous, au Zambèze, après neuf ans de labeurs, nous en sommes encore à défricher péniblement et à porter avec larmes notre semence en terre ! Je ne parle ni du Japon, ni de la Corée, ni des îles de la mer du Sud, ni des Télégous où les chrétiens sont baptisés par milliers. Je passe d’autres coins du champ non moins intéressants, mais c’est au Congo que je m’arrête. Au Congo, dans notre voisinage, où le climat a fait tant de victimes, où 1 Evangile a sauvé tant d’âmes! Voilà des missionnaires qui ne sont chez les ba-Lolo que depuis quatre ans, et voici déjà des ba-Lolo chrétiens! Expliquez-moi ce phénomène? Les faits sont là. Ne prêchons-nous pas le même Evangile? N’avons-nous pas affaire avec la même race?... Et puis je souffre à la pensée de notre petit nombre. « Qu’est-ce que cela pour tant de gens ? » Nous sommes cloués sur nos stations respectives ; impossible de bouger. Et pourtant, notre coeur ne brûle-t-il pas du désir de parcourir le pays de long en large, et de publier partout la bonne nouvelle du salut?...


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