dernière main à ma chambrette de chaume. Le soin qu’il met à ce travail, le digne ami, me peine et me paraît presque une profanation. Mais je passerai, et la maison restera pour quelqu’un d’autre. Dès qu’elle sera sèche, je m’y installerai. Ce sera la première demeure en Afrique que j ’occuperai seul et sans elle. Ce ne sera pas pour longtemps, heureusement. Le dernier chapitre doit être le plus court. Le roi, lui, est toujours une girouette qui tourne au moindre souffle de vent. Nos rapports sont redevenus à peu près ce qu’ils ont été aux plus beaux jours, sauf, je dois le dire, la confiance que j ’avais en lui. Le caractère zambézièn est comme les cataractes de Mosi-oa-Thounya, on n’en peut sonder ni même voir le fond. Léwanika me visite souvent et semble s’intéresser à tout ce qui se fait ici. Il sait être d’une grande amabilité, ce qui trompe les visiteurs qui ne le voient qu’en habits de cérémonie, et plein de sourires. ■J’ai eu une bataille de plusieurs années à livrer pour relever et sauvegarder le caractère du ministre de l’Évangile que Léwanika, lui, persiste à ravaler au niveau de celui des marchands que le Ilot de l’immigration a poussés comme de l’écume dans ce pays. Il nous croit obligés de lui fournir tout ce dont il a. besoin ou envie, et cela aux prix exorbitants qu’il met lui-même sur ses objets d’échange. C’est ainsi qu’aux prix courants de Kimberley et de Maféking, abstraction faite d’avaries et frais de transport, il insiste pour que nous échangions nos propres approvisionnements et nos marchandises pour des canots qu’il évalue à i 5o et 25o fr. en or, et des boeufs à 3oo et 375 fr., que nous en ayons besoin ou non. Malheur à qui de nous se laisse prendre! Il a mangé Sa Majesté, il a abusé de son ignorance, et, à force d’insultes, le roi finit par lui forcer la main. Et malheur aussi à qui de nous n’achète pas ! Les injures pleuvent alors sur nous tous, — sur moi surtout qui suis le plus vieux et le plus près de lui. « A quoi êtes-vous donc bons? Quels bienfaits nous apportez-vous ? Qu’ai-je à faire, s’écrie-t-il dans ses accès de colère, avec un Evangile qui ne me donne ni fusils, ni poudre, ni café, ni thé, ni sucre, ni artisans pour travailler pour moi, ni aucun de ces avantages que j ’espérais? » Et la conséquence, après nous avoir dénigrés dans son petit cercle de courtisans, c’est le blocus qu’il établit immédiatement autour de nous. On menace d’étrangler ceux qui nous servent, et ceux qui s’aventurent à nous vendre un plat de millet ou une écuelle de farine. J’en étais là de ma lettre quand j ’ai vu arriver un exprès de Séfoula. Il apportait de mauvaises nouvelles. Les vols qui se commettaient depuis quelque
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