transformera et dont mes successeurs bénéficieront. Des jeunes gens creusent un grand fossé et font un talus qui seront une protection contre les voleurs... honnêtes. Il fera de l’endroit un rectangle de deux cents mètres par cent cinquante mètres environ. Une entrée y est réservée pour le public et pour les voitures, et une grande chaussée, décrivant une immense courbe, et qui sautera le canal par le moyen d’un modeste pont de planches, nous unira à la capitale et, même au plus fort de l’inondation, nous permettra d’aller et venir à pied sec. Tous ces travaux, avec nos constructions, ne se font pas en un jour. Mais ils sont commencés et; si Dieu me prolonge la santé et les forces, tous ces plans doivent, cette année, sortir du domaine des rêves. Avec du goût et de l’énergie, un jeune missionnaire qui viendra plus tard pourra faire de ce « calvaire du paganisme » un lieu habitable, une oasis au milieu de cette plaine désolée. Et voyez quels signes notre bon Dieu nous donne de sa faveur. Malgré toutes nos difficultés et toutes nos entraves, nous avons pu nous procurer petit à petit tous nos matériaux de construction, chaume, roseaux, etc. Et bien plus, nous avons pu, grâce au retard de la saison pluvieuse, transporter tout ce que nous avions à Séfoula d’herbe, de bois de charpente, de pieux et de planches. Aujourd’hui les dépressions de la plaine se remplissent d’eau, les chemins sont défoncés, le transport devient impraticable, mais on nous amène la dernière charge. Bientôt nous serons cernés et emprisonnés sur notre îlot, tout le monde quittera la capitale pour se réfugier sur les hauteurs qui bordent la plaine. Nous, pas. Si notre santé y tient, nous nous donnerons aux bâtisses et accélérerons les travaux, quitte à faire des courses d’évangé- lisation et des visites en canot. Mon ermitage a été, ces temps-ci, comblé d’honneur. D’abord je n’y suis plus seul. Mon ami Waddell a fini les travaux préparatoires qui le retenaient à Séfoula, et m’a rejoint. Que j ’étais fier de le caser dans une de mes huttes, quand il ne s’attendait qu’à une tente! Car le cher homme supporte bien volontiers, mais pas impunément, les misères de la vie bohémienne. Et il travaille fort. C’est un chrétien simple dans sa foi, mais ferme comme un roc et d’une fidélité envers tout le monde, et surtout Léwanika, vraiment édifiante; Sans lui, je n’aurais jamais pu entreprendre la fondation de cette station nouvelle. Il faut que nos amis le sachent. Dans le champ missionnaire, les artisans ont souvent été une déception et une croix. Notre ami est un des rares qui ont glorifié Dieu en honorant le travail. Quand il ira en Ecosse visiter sa mère, il aura bien mérité de la mission. 11 est venu avec nos frères méthodistes, M. et M“ Buckenham et M. Baldwin, qui sont venus passer chez moi la première semaine de janvier. Leur but était surtout de voir le roi et de faire des plans définitifs pour aller commencer leur mission chez les ma-Choukouloumboué. J’avais depuis quelque temps, et malgré l’opposition dont j ’avais moi-même à souffrir, obtenu son consentement pour la fondation de cette nouvelle oeuvre. Tout vacillant qu’il soit, Léwanika n’est pas revenu sur la parole qu’il m’avait donnée; au contraire, il l’a confirmée. Seulement, il désire que nos frères n’y aillent qu’en hiver. Lui-même va y fonder un grand village dé ba-Rotsi ; de plus, les missionnaires sont des blancs. Pour qui connaît l’esprit soupçonneux de ces races, ce sont là, entre autres, de fortes raisons pour recommander la prudence. Il s’est, du reste, chargé de préparer les voies, de prendre toutes les informations possibles sur la route, et même de faire venir des ma-Choukouloumboué qui conduiront eux-mêmes les missionnaires dans leur pays. Je ne m’étais donc pas trompé en recommandant la patience à nos frères. Je tressaille de reconnaissance et de joie en vous annonçant cette nouvelle. C est la lumière qui a jailli du sein de nos ténèbres, la réponse éclatante que nous attendions à d’ardentes prières. Pour nous, les pionniers, c’est un nouveau jalon de planté, un nouveau poste avancé de la « Grande Armée ». Nous nous sentons renforcés. Encore un effort, et nous donnerons la main à nos frères de Garenganzé, et puis à ceux du Congo ! Je n’ai pu offrir à mes amis qu’une hospitalité bien maigre. Je remplis mal dans le ménage la place qui est viçle. Et puis, il a plu, mes hôtes étaient dans la boue. Nous avons eu des invasions de fourmis batailleuses qui ont plus d’une fois forcé l’un ou I autre de fuir du lit envahi et de se pelotonner sur une table en attendant le jour. Mais M“ BuGkenham, qui souffre d’une jambe, m’a dit qu’elle s’était reposée. Je ne pouvais pas désirer mieux. Et puis, nous avons pu ensemble nous associer chaque jour au concert universel de prières. Après eux sont venus les nôtres, de la famille zambézienne : les Ad. Jalla et M11' Kiener. Encore dix beaux jours de repos et de jouissance. Ces dames ont pris le ménage en main, et frère Jalla s’est chargé des prédications. Leur séjour a eu son assaisonnement indispensable de pluies torrentielles et d’invasions de fourmis. Mais ils ont pu rentrer à Séfoula sans avoir été malades et avant que la plaine fût submergée. C’était si beau de voir les femmes du village venir visiter ces dames. L’ermitage était bien changé; il était tout ensoleillé et animé. Ils m’ont quitté, ces chers et bons amis, mais le bien qu’ils nous ont fait nous reste. 25 janvier. Dans ma dernière lettre, je vous confiais les soucis que nous donnaient déjà alors nos convertis. Cet état de choses, hélas! a bien empiré depuis. Depuis qu’il a levé le blocus de la station, Léwanika n’a jamais été plus HAUT-ZAMBÈZE. r5 7
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