Déblayage de la termitière. — Léwanika lève le blocus. Le marché. — Le roi et les ma-Mboundn. — Revue d'apparat. — Industrie des ba-Rotsi. — Nos bâtisses. — Course à Séfoula. — Les pluies. — Les méthodistes. — Visites à Léalouyi. — Les défections. — Ténèbres du paganisme zambézien. — Fatigue physique et tracas,,^- Variations du roi; son avarice., — Nouvelles de Séfoula. Le vol. — Hostilité du roi. — Les méthodistes. — Disgrâce. — Mis en interdit. 3o novembre. Lé travail avance, mais lentement. Le déblayage des broussailles, j ’entends le gros, est fini. Nous écornons maintenant et essayons de creuser et niveler nos fourmilières. Nous avons détruit une grande quantité de nids et de reines. Les termitières se composent d’un dédale de cheminées où le corps d’un homme pourrait entrer, de passages à l’infini qui les font communiquer les unes avec les autres, et conduisent aux nids. Ces nids, de la forme d’une éponge, sont de la substance la plus douce, si bien qu’au toucher ils se réduisent en poudre. Et quant aux reines, ce n’est, pardonnez la comparaison, qu’une andouille minuscule, quant à la forme, un sac rempli de matière vivante, un ver muni d’une petite tête de termite, sans pattes, sans moyen de locomotion, une larve. Nous avons fait aussi une guerre acharnée aux fourmis guerrières, portant le feu et l’eau bouillante en abondance dans les profondeurs de leurs forteresses. Eh bien, le croirait-on, nous voici soulagés, nous avons du répit, pour un temps du moins. L’inondation nous causera sans doute de nouvelles invasions. Il faut s’y attendre. Je ne sais pas pourquoi je ne puis pas parler de ces fléaux de termites et de fourmis sans penser à Léwanika et à son voisinage. On a si bien réussi à empoisonner l’esprit de Léwanika qu’il ne peut pas encore croire au désintéressement et à la pureté de nos motifs. Il se défie de tout, même des égards que nous avons envers lui et de nos bontés. La suspicion le met toujours sur la défensive, et il est jaloux de son pouvoir comme s’il me croyait sérieusement capable de l’usurper. Et puis, mon refus absolu de me mettre à ses ordres, comme son fournisseur et son marchand, ne manque pas, à l’occasion, de l’irriter. Il ne peut pas comprendre qu’il se trouve un homme près de lui qui ose refuser de troquer pour lui ses propres vêtements, ses provisions personnelles, ses matériaux de construction, toutes choses entre autres qui excitent l’envie de Sa Majesté, de Mokonaé ou de Litia. Je m’efforce, par la grâce de Dieu, de maintenir mes rapports avec Léwanika sur un terrain plus élevé et de fouler aux pieds toutes ces épines sans m’en plaindre et sans en montrer de l’humeur. Un matin comme je le fais de temps en temps, j ’étais allé m’asseoir à côté de lui, au lékhothla. Au bout d’un moment, quelle ne fut pas ma surprise! J entendis un desprincipaux chefs faire la proclamation suivante : * Écoutez ous, ba-Rotsi. c est la parole du roi. Le Morouti est venu se fixer chez nous r 01jS — beaucouP 1 n°us aussi. Ce n’est pas un autre village qu’il va fonder. Mais il a beaucoup de travail. Voici donc une fontaine de verroterie et d étoffes. Portez a notre frère votre roseau, vos denrées! Travaillez pour lui, hommes et femmes, jeunes gens et jeunes filles. Il a pour vous des vêtements et des ornements. Aujourd’hui, nous vous ouvrons la porte. Avant que je pusse être de retour, il y avait déjà une bonne quantité de roseau et de millet qui m’attendaient. Le blocus est levé. Béni soit Dieu ! Premiers jours de décembre. Nous ne sommes plus dans l’isolement. Quel changement déjà, depuis que Léwanika a eve 1 interdiction dont il ne nous avait frappés que pour montrer son autorité! On nous visite, on nous apporte du roseau surtout. La nourriture est rare et très chère. J’ai naturellement eu beaucoup de peine à fixer le prix du roseau. On savait que j ’en avais besoin, donc, — vous comprenez, le principe est le même partout, - il fallait prendre avantage de son voisin. Voici, par exemple, un des gros bonnets, un mo-Kouamboyo, un des principaux chefs. Il est suivi d’une demi-douzaine d’esclaves qui portent chacun une poignée de ce précieux roseau. Il vient, se prélassant dans une longue chemise qui lu, tombe jusqu’aux chevilles. Il veut quatre mètres d’étoffe et plutôt que d’arrêter la vente, je lui en donne la moitié, c’est-à-dire encore’dix lois la valeur. Cette transaction me prend une bonne partie de ma matinée. Je sms sur les épines. Il ne me faudrait pas beaucoup de ces clients-là pour mietter mon temps et pousser ma patience à ses dernières limites. Il arrive quelquefois qu après un interminable palabre, les pauvres gens s’en vont en grognant, menaçant de fermer le marché. Je m’en sens mortifié et humilié Je me sms fait remplacer avec avantage par les évangélistes. Ils ont plus de tact et de patience, ils peuvent s’asseoir et causer, faire connaissance avec les gens. Aussi, loin de se fermer, le marché s’anime, et nous aurons bientôt ce qu il nous faut, pour peu que cela continue. HAUT-ZAMBÈZE.
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