expresse. Nous pourrions mourir de faim à la porte de ce grand village sans qu’on le sût ; car, non seulement le marché reste fermé jusqu’au bon plaisir du roi, mais personne ne s’aventure à nous visiter, aussi longtemps que Sa Majesté ne l’a pas fait ostensiblement. Tout émane de lui, tout se rapporte à lui. C’est là la cause qui a empêché ma vaccine de se populariser, c’est là ce qui étouffe toute initiative, toute individualité, et qui est un des obstacles les plus formidables que nous rencontrions pour le recrutement de notre auditoire du dimanche. A Séfoula, nous avions les coudées un peu plus franches. A Séchéké et à Kazoungoula, la liberté de nos frères y est en raison de l’éloi- gnement de la capitale. L’Evangile remédiera à tout cela et opérera de grandes transformations. Léwanika, l’autre jour, a été frappé de cette sublime prophétie d’Esaïe, que s’est appliquée le Sauveur et que j ’avais prise pour sujet de méditation ; « L’Esprit du Seigneur est sur moi ; il m’a oint.... pour évangélisèr les pauvres... » Je viens d’avoir, pour toute une semaine, la visite de tout Séfoula : M. et Mm# Ad. Jalla, MUe Kiener, l’ami ‘Waddell, qui travaille encore à la scierie, et nos fillettes, — un vrai temps de fête pour moi! C’était si aimable de leur part d’apporter ainsi à l’ermitage de Loatilé, leur surabondance de feu et de vie ! Ils ont partagé ma vie éminemment champêtre, un pique-nique prolongé. Ils ont eu, ces bons amis, le piquant de toutes sortes d’aventures qu’il n’a pas été en mon pouvoir de leur éviter : la pluie avec la cuisine en pleins champs, le soleil, la chaleur, l’insupportable chaleur que réverbèrent les toiles blanches des tentes et qu’on ne peut fuir, invasions d’insectes, attaques nocturnes des fourmis guerrières qui chassent tout le monde des tentes et des lits, — aventures qu’à, hélas! douloureusement couronnées la perte du cheval de Mme Jalla. Cette monture n’était pas un luxe pour notre chère soeur. Pour qu’elle pût accompagner son mari dans ses courses du samedi, j ’avais prêté à ce frère le cheval qu’il m’a amené, car il avait déjà perdu le sien. La pauvre bête! elle se mit à tousser le soir; on lui donna bien des drogues, mais le lendemain matin elle s’affaissa sur le bord du chemin de Séfoula et mourut. Je ne dirai pas le bien que m’a fait cette visite. Une jeunesse heureuse, pleine d’activité et d’initiative, fait plaisir à voir et me rajeunit. Dès leur arrivée, tout s’était transformé. Personne que moi n’était oisif. On ne me permettait pas le travail. « La maréchale et le colonel n> en langage salutiste, dirigeaient tout. MUe Kiener, toujours bonne et dévouée, faisait marcher le ménage comme naguère, et, en tête-à-tête, donnait à mes garçons ce dont, hélas ! ils ont le plus pressant besoin, des leçons d’ordre et de propreté. Je sens pour ma part combien, moi aussi, j ’ai besoin de la grâce de Dieu pour faire mon nouvel apprentissage, et conserver l’esprit de contentement et de SUR LE H A U T - Z A M B È Z E .
27f 90-2
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